Travailleurs saisonniers immigrés : Les marchands d'hommes font des affaires06/09/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/09/une2040.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Travailleurs saisonniers immigrés : Les marchands d'hommes font des affaires

Au Maroc, le recrutement de travailleurs saisonniers pour les besoins des grands exploitants agricoles de l'Union européenne prend de l'ampleur. Cette importation de main-d'oeuvre est encadrée par des accords d'État à État.

Depuis 2003, une agence publique marocaine, l'Anapec, organise ces recrutements. En janvier 2007, les 240 agents de cette officine ont été chargés de sélectionner des ouvrières, dans les communes rurales les plus pauvres, pour ramasser des fraises en Espagne.

Les responsables ont déclaré au journaliste de Libération : " En moins de deux semaines, ils ont présélectionné plus de 7 000 personnes. Uniquement des femmes, de préférence avec enfants, car les Espagnols l'avaient exigé ainsi. " Ils pensent que de cette manière elles retourneront au Maroc dès la fin de leur contrat. Et ils poursuivent : " Les Espagnols ont été tellement satisfaits de notre travail qu'ils nous ont déjà commandé 10 000 ouvrières pour 2008. "

Ces recrutements ont un coût, mais pas pour les industriels de la fraise. C'est l'Union européenne qui finance, au travers d'un organisme (l'Aeneas) créé en 2004 pour contrôler l'immigration légale et éviter son maintien en Europe.

Bien sûr, l'Italie et la France sont aussi sur les rangs, précisent les responsables marocains : " Nous avons reçu une commande de producteurs d'agrumes et de kiwis de Haute-Corse, 400 hommes, âgés de 35 à 50 ans, pour travailler à la cueillette pendant deux mois, en novembre et décembre. Des hommes mariés, afin d'être sûr qu'ils vont rentrer chez eux après la récolte. " Depuis trente ans les autorités françaises organisent de telles immigrations saisonnières de main-d'oeuvre : 17 000 personnes en 2006, dont 6 000 Marocains. C'est une main-d'oeuvre surexploitée, qui, si elle revendique, est menacée d'expulsion immédiate et inscrite sur une liste rouge pour des années.

À l'été 2005, 240 Tunisiens travaillant dans les Bouches-du-Rhône ont néanmoins lutté pour leurs salaires. En 2006, ce sont cent travailleurs polonais qui ont dénoncé, dans le sud de l'Italie, leurs conditions d'exploitation inhumaines. Et cet été, combien de ces saisonniers encore ont lutté, mais sans que personne le sache et sans que les médias s'en fassent l'écho ?

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