Saint-Gobain-Desjonquères - Sucy-en-Brie (94) : Abus d'intérim06/09/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/09/une2040.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Saint-Gobain-Desjonquères - Sucy-en-Brie (94) : Abus d'intérim

À Saint-Gobain-Desjonquères (SGD) - usine de Sucy-en-Brie qui fabrique des flacons pour la pharmacie - le recours au travail intérimaire pendant l'été dépasse toutes les bornes. Les salariés en intérim sont considérés comme une réserve dans laquelle l'entreprise pioche au dernier moment, en fonction de ses besoins, mais aussi avec un sans-gêne impressionnant.

Il n'est pas rare par exemple que le service du personnel appelle un jeune intérimaire pour le faire venir parfois à 4 heures du matin, et lui dise que finalement il n'y a pas besoin de lui et qu'il peut aller se recoucher. Mais que demain peut-être... À un autre, on explique qu'il n'y aura pas besoin de lui pendant quinze jours et qu'il peut chercher une mission dans une autre entreprise, mais on le rappelle trois jours plus tard, en insistant pour qu'il abandonne son éventuelle autre mission.

Dans cette usine qui tourne en permanence, 24 heures sur 24, le temps de travail est calculé sur la base de cinq équipes, avec un planning compliqué mais précis pour les jours de repos. Par contre, pour les intérimaires, le planning est décoratif. En fonction des besoins, on leur demande de venir en nuit quand ils sont du matin, en matinée quand ils sont d'après-midi, et tout aussi facilement pendant leurs jours théoriques de congés.

En fait à SGD, où travaillent plus de 400 salariés, l'abus d'intérim est la règle toute l'année. L'usine tourne avec un nombre de salariés permanents inférieur à l'effectif théorique et il est fait appel à des intérimaires, au jour le jour, pour boucher les trous. L'entreprise s'est ainsi constitué, avec la complicité de quelques entreprises d'intérim, un pool d'intérimaires, compétents et connaissant bien les postes de travail de l'usine, auxquels elle fait appel irrégulièrement, en leur faisant miroiter l'embauche en CDI. Mais elle les fait lanterner des mois, voire des années, pour leur proposer parfois un CDD, ou leur indiquer le plus souvent qu'ils ne font pas l'affaire. Il est même arrivé de faire travailler des intérimaires, semaine après semaine, sur la base de contrats de cinq jours.

L'entreprise aimerait bien, semble-t-il, développer encore ce système de travail " flexible " d'embauche au jour le jour, sans s'embarrasser de contrats de travail. Seuls des impératifs liés à la production, dans ce travail dangereux qui requiert une qualification pointue, limitent son recours à l'intérim. Et aussi le fait que certains intérimaires, lassés des promesses bidons de la direction, finissent par refuser les missions d'intérim à SGD Sucy.

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