La mort de Raymond Barre, un serviteur de la bourgeoisie aux idées bien réactionnaires30/08/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/08/une2039.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

La mort de Raymond Barre, un serviteur de la bourgeoisie aux idées bien réactionnaires

La mort de Raymond Barre a suscité l'hommage des hommes politiques de droite et du PS. " Un esprit libre ", selon Nicolas Sarkozy. Mais pour les travailleurs, il restera avant tout comme un ennemi acharné, l'auteur du premier plan d'austérité mis en place après l'entrée en 1975 dans la crise économique qui a suivi le " choc pétrolier ".

Giscard d'Estaing appela Raymond Barre au poste de Premier ministre en août 1976, pour remplacer Jacques Chirac qui venait de claquer la porte. Ce professeur d'économie à l'université n'avait pour toute carrière politique que quelques mois comme ministre du Commerce extérieur. Mais s'il n'était membre d'aucun parti, il fréquentait par contre assidûment les cercles patronaux, dont il était apprécié. L'inflation dépassait alors les 10 %, pour la première fois il y avait plus d'un million de chômeurs et les cours du pétrole s'envolaient. Raymond Barre mit en place deux plans d'austérité destinés à permettre aux capitalistes de traverser la crise qui commençait en sauvegardant leurs profits. Le nouveau Premier ministre fixa aux patrons, qui ne demandaient que ça, des limites à ne pas dépasser en matière d'augmentation. Ce blocage bien réel des salaires fut assorti d'un prétendu contrôle des prix qui ne dura que trois mois. Dans les services publics, il instaura une politique de " vérité des prix ", c'est-à-dire d'augmentation des tarifs et de rationalisation. Il inaugura la politique de déremboursement de certains médicaments, fit cotiser les retraités à la Sécurité sociale et multiplia les aides au patronat. Ainsi, à la fin de l'année 1978, l'État mit en place le " plan acier " qui épongeait les dettes des patrons de la sidérurgie et leur faisait cadeau de 11 milliards de francs supplémentaires, alors même qu'ils annonçaient des milliers de licenciements. Sous le nom de " pacte pour l'emploi ", il finança sur le budget de l'État une partie des salaires de jeunes nouvellement embauchés, offrant ainsi une main-d'oeuvre bon marché au patronat.

Pendant les cinq ans où il fut à la tête du gouvernement, Raymond Barre rendit ainsi bien des services à la bourgeoisie. Il le fit sans trop se soucier de donner le change, répondant aux revendications des chômeurs qu'ils n'avaient qu'à " créer leur entreprise ", affirmant : " Je préfère être impopulaire qu'irresponsable. " De fait, il fut pleinement responsable vis-à- vis de la bourgeoisie et y gagna une réputation " d'homme libre " , qu'il cultiva par la suite. Ce qui l'amena ainsi à prendre la défense de son ancien ministre du Budget, Maurice Papon, qui a eu des responsabilités dans la déportation des Juifs de Bordeaux, qui fut pour lui " un grand commis de l'État ", et du bras droit de Le Pen, Bruno Gollnisch, " un homme bien ", se disant lui-même victime du " lobby juif " !

C'est ce que François Fillon appelle " un homme qui a porté haut les valeurs d'exigence morale et de rigueur ", François Bayrou " un point de repère " et Jack Lang " quelqu'un dont la stature intellectuelle et morale forçait le respect "...

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