M. Mothron, député-maire UMP d'Argenteuil, n'imaginait pas le tollé qu'il allait provoquer quand il a commandé au début de l'été le " Malodor " pour repousser des sans-abri du centre ville.

En effet depuis vendredi 24 août, les condamnations se sont succédé jusqu'à celles de la ministre du Logement, Christine Boutin, UMP elle aussi, et de Martin Hirsch. Alors, lundi 27, le maire déclarait renoncer à utiliser ce " répulsif pour SDF ".

L'affaire a été initiée par des employés de la municipalité qui ont contacté la presse, sous couvert d'anonymat. Ils avaient raison de ne pas se dévoiler car un proche du maire déclarait alors qu'il allait " mener une enquête interne " d'un ton menaçant !

Ils ont expliqué à propos du Malodor qu'ils ont refusé de pulvériser aux endroits où séjournent les sans-abri : " Il y a des limites, on veut bien chasser les rats, mais pas les SDF. " Le maire, tenace, a offert ce produit à la direction du centre commercial Côté Seine, qui l'a utilisé, dit-elle, une fois.

Depuis qu'il est en poste M. Mothron clame qu'il veut " changer l'image d'Argenteuil ". Il s'adresse ainsi à la partie la plus réactionnaire de la population. Par ses arrêtés antimendicité puis l'utilisation du Malodor, il s'en prend à une dizaine de personnes sans abri, en se posant en porte-parole des riverains et des commerçants qui ne supporteraient plus cette population. Or un certain nombre de commerçants ont toujours tenu à faire savoir qu'ils n'étaient pour rien dans les agissements du maire. Et depuis le temps, des liens se sont noués entre ces quelques personnes sans abri et la population, en particulier des riverains, qui font des gestes quotidiens de solidarité.

Le premier adjoint au maire a prétendu notamment que ces personnes refuseraient tout logement malgré les multiples offres. Les personnes concernées nient qu'on leur ait fait la moindre proposition ! On leur a simplement demandé de partir du centre ville. Et on sait par ailleurs, que de toutes façons, des milliers de gens sont en attente de HLM... sans que cela semble émouvoir M. Mothron et son équipe. Il a, au contraire, un programme de démolition de logements sociaux bien chargé, illustré par la destruction du bâtiment HLM La tour Broca le 22 août dernier.