Sarkozy et la délinquance sexuelle : Des effets d'annonce démagogiques23/08/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/08/une2038.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Sarkozy et la délinquance sexuelle : Des effets d'annonce démagogiques

Face à l'effroi et à l'émotion créés par le viol du petit Enis, Sarkozy a annoncé sa méthode de lutte contre la récidive des délinquants sexuels, avec comme mesure principale leur internement à l'issue de leur peine de prison dans ce qu'il appelle un« hôpital fermé pour pédophiles ».

Il y a malheureusement des individus si dangereux pour les autres qu'il peut être nécessaire de les mettre à l'écart de la société. Mais le projet de Sarkozy n'en est pas moins aberrant. C'est après qu'ils aient purgé la totalité de leur peine, qu'il prévoit qu'un comité de médecins examinera la dangerosité de ces pédophiles. Ceux qui seront jugés dangereux, nous dit-il, seront internés dans des hôpitaux fermés pour pédophiles. Ceux qui refuseront les soins resteront dans cet hôpital le temps où on estimera qu'ils sont dangereux ; quant à ceux qui accepteront d'être soignés, ils pourront avoir des permissions et sortir en portant un bracelet électronique.

Sarkozy affirme que dans les futurs « hôpitaux fermés » ces délinquants sexuels seront « soignés ». Mais alors pourquoi ne pas mettre en oeuvre de tels traitements, s'ils existent, dès le moment où la preuve de la culpabilité de ces malades est apportée, dès qu'ils sont mis à l'écart de la société ? Pourquoi Francis Evrard, le pédophile qui a abusé du petit Enis, condamné à trois reprises pour des crimes sexuels, a-t-il pu passer vingt années en détention sans que rien n'ait été fait pour le prendre en charge sur le plan médical et psychiatrique ? Nul ne peut dire si une telle prise en charge aurait pu modifier son comportement. Mais ce qui est certain c'est que ce n'est pas après vingt ans d'incarcération qu'elle a le plus de chance de réussir.

Affirmant « il ne faut pas avoir peur des mots », le chef de l'État en appelle à la « castration chimique » de ces délinquants, c'est-à-dire aux traitements hormonaux existants susceptibles de bloquer leurs pulsions sexuelles envers les enfants. Outre que les spécialistes estiment que seule une petite partie des pédophiles répondraient à ces traitements, Sarkozy ne dit rien des moyens humains, médecins, psychiatres, soignants de toutes sortes, ni des moyens financiers qu'il faudrait dégager pour cela.

Tous ceux qui interviennent en milieu carcéral magistrats, médecins, psychiatres, psychologues, etc. dénoncent l'absence de moyens mis en oeuvre dans les établissements pénitentiaires où s'entassent des détenus atteints d'affections psychiatriques, ce qui est le cas de bon nombre de délinquants sexuels. Ils sont unanimes pour dénoncer l'inefficacité des mesures aujourd'hui proposées. Peu importe à Sarkozy. Il se prend peut-être pour un médecin doublé d'un psychiatre ayant des connaissances dans tous les domaines. Mais ce qui est sûr, c'est qu'il n'est qu'un démagogue jouant à la fermeté pour répondre à l'émotion légitime suscitée par les crimes sexuels envers les enfants.

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