Venezuela : Face au FMI et aux compagnies pétrolières étrangères, Chavez affiche à nouveau son indépendance09/05/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/05/une2023.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Venezuela : Face au FMI et aux compagnies pétrolières étrangères, Chavez affiche à nouveau son indépendance

En annonçant le 1er mai sa rupture avec le Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque mondiale, et en renationalisant les champs de pétrole de la région de l'Orénoque, le dirigeant vénézuélien Hugo Chavez affirme une fois de plus sa volonté de reprendre le contrôle de ce que ses prédécesseurs avaient pu brader aux compagnies étrangères.

Chavez a décrit le FMI et la Banque mondiale comme des " mécanismes de l'impérialisme destinés à exploiter les pays pauvres " - ce qu'ils sont indéniablement. Car les prêts du FMI, généralement accompagnés de plans d'austérité pour la population des pays bénéficiant de ses crédits, ont généré depuis des dizaines d'années des intérêts qui font que les États emprunteurs ont parfois remboursé plusieurs fois le montant de leurs crédits. Cette rupture avec le FMI a ses limites. Chavez ne l'a fait qu'après avoir remboursé intégralement les 3,3 milliards de dollars que le Venezuela devait au FMI. Un geste qu'il n'est pas le seul à avoir fait puisque le Brésil, l'Argentine, l'Uruguay et l'Équateur viennent d'en faire autant.

Il se trouve que ces pays sont engagés à divers degrés dans la mise sur pied d'une banque de prêt régionale, la Banque du Sud, qui pourrait voir le jour en juin prochain. Le Venezuela, l'Argentine ou le Brésil se verraient bien jouer, au niveau régional, le rôle qu'a pu jouer le FMI à leur égard. Ils disposent pour cela de certaines réserves financières, évaluées à 200 milliards de dollars, placés pour le moment, pour moitié, en bons du Trésor... nord-américain. Le Brésil, qui n'est qu'observateur dans ces discussions, se contenterait d'une Banque du Sud imitant la Banque mondiale en épaulant des projets de développement, tandis que l'Argentine et le Venezuela se verraient plutôt, comme le FMI, dans le rôle de prêteur dans la région.

Cette banque régionale viendrait s'ajouter aux diverses institutions régionales, comme le Mercosur ce marché commun régional, mises sur pied par divers États de la région pour faire contrepoids à la pression économique des États-Unis.

Les États latino-américains sont d'autant plus invités à poursuivre dans cette voie que les États-Unis sont principalement accaparés par la guerre en Irak et qu'ils ont échoué, jusqu'à présent, dans leur tentative de mettre sur pied un grand marché commun qui irait du Canada à la Patagonie, et dont ils seraient les principaux bénéficiaires.

Après ses déclarations sur le FMI, Chavez a fait occuper par l'armée et des travailleurs du secteur les champs de pétrole de la région de l'Orénoque. Celle-ci pourrait bien être, selon des expertises en cours, la plus grande réserve mondiale d'hydrocarbures, ce qui placerait alors le Venezuela devant l'Arabie Saoudite. Symboliquement, il a fait hisser le drapeau de l'entreprise nationale PDVSA qui, depuis 2005, possède à nouveau 51 % des actions de tous les champs pétrolifères du pays. L'Orénoque est le dernier secteur pétrolier où les compagnies étrangères sont encore dominantes, parce qu'elles seules ont les moyens techniques de raffiner le pétrole ultra-lourd de cette région.

Cette manifestation entendait appuyer la renégociation des contrats en cours avec les compagnies étrangères, qui devraient encore réduire leur part. À l'exception de deux compagnies qui abandonneraient l'Orénoque, les onze autres, notamment Chevron et Total, ont accepté des conditions moins favorables, pour garder un pied dans cette région très prometteuse. Cela fait aussi l'affaire de Chavez qui a besoin de leurs moyens techniques pour continuer d'extraire le pétrole de l'Orénoque. Les compagnies américaines sont d'autant plus conciliantes que le Venezuela reste l'un des principaux fournisseurs des États-Unis.

En attendant, à ces deux occasions, Chavez a affiché qu'il gardait le cap et entendait continuer de mettre en avant les droits de l'État vénézuélien, c'est-à-dire de la bourgeoisie vénézuélienne, à contrôler les ressources du pays, même si cette attitude lui a permis de réinvestir une partie de la manne pétrolière dans des programmes sociaux appréciés par la population pauvre, ce qui en Amérique latine est plutôt une exception que la règle.

Partager