Archaïsme ou modernisme : Le Parti Socialiste français est-il un cas à part ?09/05/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/05/une2023.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Archaïsme ou modernisme : Le Parti Socialiste français est-il un cas à part ?

Les porte-parole de la droite, comme certains commentateurs qui se disent de gauche, accusent volontiers le Parti Socialiste français de ne pas avoir fait son " aggiornamiento " (de ne pas avoir rajeuni sa politique, dirait-on en français).

Pour ces gens-là, Tony Blair, Zapatero, les socialistes allemands et scandinaves, seraient de vrais " sociaux démocrates ", tout à fait respectables, adaptés à l'économie moderne, mais les dirigeants du PS français seraient eux des dogmatiques accrochés à de vieilles idées. Quasiment des gauchistes !

Il est vrai que le Parti Socialiste français, qui avait pourtant donné bien des preuves de sa capacité à défendre les intérêts des classes possédantes tout au long de la quatrième République, y compris en se rendant complice, voire en dirigeant les pires répressions colonialistes, a été condamné à végéter dans l'opposition pendant de longues années sous la cinquième République, et n'a pu sortir de cette situation qu'en signant avec le Parti Communiste le " programme commun de gouvernement ", qu'en jouant la carte de " l'Union de la gauche ", ce qui a permis à Mitterrand d'accéder à la présidence de la République en 1981.

Mais passée la première année de la présidence de Mitterrand, et quelques mesures symboliques, les socialistes au gouvernement ont clairement montré qu'ils étaient de fidèles serviteurs de la bourgeoisie. Mitterrand aussi parlait de " réconcilier les Français avec l'entreprise " et il fit de Bernard Tapie, jusqu'alors spécialiste des rachats et fermetures d'entreprise, un exemple à donner à la jeunesse, une vedette, avant d'en faire un ministre.

Cependant du choix stratégique de l'Union de la gauche, il est resté quelque chose : l'idée, plus marquée dans ce pays que dans bien d'autres, que la gauche et la droite ce n'est pas la même chose, qu'elles ne véhiculent pas les mêmes valeurs, bien que cette distinction tende à s'estomper dans la conscience populaire, comme l'ont montré les récentes élections.

Les discussions sur de possibles accords avec Bayrou et son Mouvement démocrate illustrent le problème qui se pose aujourd'hui aux dirigeants socialistes. La vieille SFIO de Guy Mollet avait participé sans états d'âme à nombre de gouvernements en alliance avec des partis de droite entre 1947 et 1958. Le Parti Socialiste rajeuni de Mitterrand, en dehors de l'ouverture peu réussie tentée par Rocard en 1988, n'a pas les mêmes traditions. Mais le problème se pose à lui aujourd'hui d'aligner son image et son vocabulaire sur ce qu'il est réellement, à l'instar du Parti social-démocrate allemand. C'est ce que propose un homme comme Strauss-Kahn qui se dit " disponible " pour accomplir la mutation qu'il prétend nécessaire.

Mais qu'ils tiennent à conserver une allure de gauche afin de ne pas éloigner un certain nombre de leurs électeurs (ou ceux qui votent pour les petites formations plus ou moins situées à la gauche du PS), où qu'ils aspirent à ressembler à l'un de ces partis sociaux-démocrates nordiques qui ressemblent si fort au Parti démocrate américain, tous les dirigeants du Parti Socialiste, comme leur " grand " ancêtre Léon Blum (si cher aujourd'hui au coeur de Sarkozy) se veulent de loyaux gérants du capitalisme.

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