Le 1er mai : Journée internationale de lutte des travailleurs26/04/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/04/une2021.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le 1er mai : Journée internationale de lutte des travailleurs

À l'occasion du 1er mai certains vont, sans doute encore une fois, parler de la " fête du travail ", les autres de la " fête du muguet ". D'autres, plus politiques, risquent d'évoquer un passé plus récent, qui fut surtout l'occasion d'appeler à voter Chirac sous prétexte de faire barrage à un Le Pen qui, de toute façon, n'avait aucune chance de gagner l'élection.

Malgré toutes les tentatives de récupération depuis son origine, à la fin du 19e siècle, le 1er mai est avant tout le symbole de l'unité de la classe ouvrière mondiale dans son combat pour son émancipation. C'est le Congrès international ouvrier socialiste de Paris de juillet 1889, rassemblant syndicats et partis, qui prit la décision d'en faire la première manifestation internationale des travailleurs pour leurs revendications.

La date du 1er mai fut retenue pour honorer l'initiative du mouvement ouvrier américain qui avait fait du 1er mai 1886 le début de la lutte pour les huit heures. Les grèves et les manifestations furent alors durement réprimées : plusieurs leaders ouvriers furent pendus à Chicago.

Dès le 1er mai 1890, par centaines de milliers, les travailleurs se rassemblèrent dans le monde. Le 1er mai 1891, à Fourmies, dans le nord de la France, la troupe tirait dans la foule : dix morts. En août 1891, le Congrès international de Bruxelles confirmait que, dorénavant, le 1er mai serait le jour de lutte des travailleurs du monde pour leur émancipation. Pour les dirigeants des partis socialistes et des syndicats alors révolutionnaires, il s'agissait avant tout d'enraciner, parmi des millions de prolétaires, la conscience d'appartenir à une seule et même classe, et l'absolue nécessité du combat commun de tous les travailleurs de la planète.

À partir de cette date, ce jour-là dans le monde, sans radio et sans télévision, des millions de travailleurs se regroupèrent pour rendre vivant le mot d'ordre " Prolétaires de tous les pays unissons-nous ". La répression, l'emprisonnement, les morts, les licenciements massifs de ceux qui manifestaient et cessaient le travail ce jour-là, qui n'était pas un jour férié mais un jour de grève et de combat, n'y purent rien. La force de la classe ouvrière internationale s'affirmait, sa revendication à prendre la direction de toute la société sur d'autres bases aussi.

Ce qui a transformé dans bien des pays d'Europe le 1er mai en " fête du travail ", ou en parade insipide, a été justement la volonté des gouvernants et de leurs alliés, des ex-partis ouvriers ralliés à la bourgeoisie, de faire oublier ce symbole qui les dérangeait. En France, par exemple, c'est Pétain, avec l'aide d'anciens syndicalistes CGT ralliés à " l'État français " de 1940, qui au nom de l'union Capital-Travail fit instituer le 1er mai comme fête du travail chômée et payée. Et c'est le gouvernement " issu de la Résistance ", allant du PCF au PS et à la droite, qui, soucieux de gommer toute évocation de la lutte des classes, confirma en 1947 cette fête du travail instaurée par Pétain.

Aujourd'hui, les travailleurs, en France comme dans les autres pays, subissent les conséquences de la mainmise des capitalistes sur la société et les effets de la dictature du capital. Plus que jamais s'impose la nécessité d'une lutte commune des travailleurs, au niveau du pays comme à l'échelle internationale, pour leur émancipation sociale et politique.

Le 1er mai, en tant que journée internationale de lutte des travailleurs du monde contre l'exploitation capitaliste, garde toute sa valeur et sa nécessité.

Paul SOREL

Ce que déclarait le Congrès international ouvrier socialiste de Paris de juillet 1889

" L'émancipation du travail et de l'humanité ne peut sortir que de l'action internationale du prolétariat organisé en parti de classe, s'emparant du pouvoir politique pour l'expropriation de la classe capitaliste et l'appropriation sociale des moyens de production (...). Il est du devoir des travailleurs de tous les pays de lutter par tous les moyens contre une organisation sociale qui les écrase. (...) Il s'agit avant tout de s'opposer à l'action destructrice du présent ordre économique ". Et aussi : " Le congrès réclame la limitation de la journée de travail à un maximum de huit heures pour les adultes. " À cela s'ajoutait toute une série de revendications sociales.

Pour aller dans ce sens, le congrès adoptait la décision suivante : " Il sera organisé une grande manifestation internationale à date fixe (le 1er mai) de manière que dans tous les pays et dans toutes les villes à la fois, le même jour convenu, les travailleurs mettent les pouvoirs publics en demeure (...) d'appliquer les revendications du Congrès international de Paris. "

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