Djibouti : L'affaire du juge Borrel, révélateur du rôle des autorités françaises26/04/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/04/une2021.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Djibouti : L'affaire du juge Borrel, révélateur du rôle des autorités françaises

Douze ans après l'assassinat de Bernard Borrel, un juge français qui fut conseiller du gouvernement de Djibouti, l'enquête rebondit. Des perquisitions viennent d'être opérées à Paris aux ministères de la Justice et des Affaires étrangères, tous deux soupçonnés d'avoir voulu couvrir l'actuel président de Djibouti. Cette affaire vient rappeler les liens étroits et peu avouables qui existent entre les sommets de l'État français et la dictature qui sévit dans ce pays.

Situé en Afrique de l'Est face à la pointe de l'Arabie saoudite, Djibouti, qui compte environ 700 000 habitants, est resté longtemps une colonie de la France. Dans les années 1970, la France avait réprimé des manifestations populaires et avait fait édifier un " barrage " autour de la ville. En 1977, le gouvernement de Giscard finit par reconnaître l'indépendance de Djibouti, après un référendum qui s'était soldé par 98 % de " oui " en faveur de l'indépendance. Face à l'opposition de la population, la France dut aussi cesser de soutenir l'homme de paille, Ali Aref, qu'elle envisageait de laisser en place après l'indépendance. Cependant, le leader du parti d'opposition, Hassan Gouled, qui le remplaça avait été lui aussi lié au pouvoir colonial. Et Omar Guelleh, neveu du précédent, qui est au pouvoir depuis 1999, est considéré comme un proche de Chirac.

À l'époque de la mort du juge Borrel, l'enquête locale et celle des services secrets français avaient conclu au suicide de ce juge que le gouvernement français avait détaché auprès du ministre de la Justice de Djibouti. Mais sa veuve avait obtenu en 2002 de nouvelles expertises confortant l'hypothèse d'un assassinat. L'actuel président de Djibouti pourrait fort bien en être le commanditaire. En tout cas il est fortement soupçonné.

Depuis dix ans, les autorités djiboutiennes mais aussi françaises ont multiplié les efforts pour entraver la recherche de la vérité. Mais en attendant que la lumière finisse par percer dans cette affaire, si un jour elle perce, un autre procès reste à faire, celui du rôle de la France dans ce pays.

L'impérialisme français dispose aujourd'hui à Djibouti de la plus importante de ses bases militaires à l'étranger, environ 3 000 hommes. Sa situation, en haut de la Corne de l'Afrique et face à l'océan Indien, est en effet considérée comme stratégique. Les troupes qui stationnent là ont participé à de nombreuses interventions, dont l'opération Turquoise, tristement célèbre pour avoir contribué au génocide au Rwanda.

L'État français dépense un important budget pour entretenir sa base militaire, en concurrence avec celle installée par les États-Unis, et il verse une indemnité au gouvernement de Djibouti. Mais le bilan de cette présence française est calamiteux dans tous les domaines.

Partager