À l'usine Snecma de Corbeil (Essonne), l'activité essentielle est l'usinage des pièces de moteurs d'avion. Depuis deux semaines, plusieurs centaines de salariés débrayent tous les jours pendant une demi-heure, voire une heure, à la normale comme en équipe, pour réclamer une augmentation de salaire.

La visite récente des travailleurs en grève du montage de l'usine Snecma de Villaroche, l'embauche de deux intérimaires imposée il y a trois semaines par des débrayages dans un atelier et, enfin, l'annonce d'un bénéfice de 256 millions d'euros reversés à la holding, ont été des éléments motivants pour débrayer, d'autant que l'on était en pleine négociation salariale.

Nombre de travailleurs disaient : " cette fois on ne peut pas laisser ça là ". Les grévistes se sont montrés d'autant plus déterminés que, deux jours après le premier débrayage, comme pour faire un bras d'honneur aux grévistes, la direction annonçait, entre autres miettes, une augmentation de la prime d'équipe de 4 euros brut alors que les travailleurs réclament depuis des années son doublement !

La revendication principale est l'augmentation des salaires. Un autocollant fabriqué par les grévistes a rencontré beaucoup de succès dans l'usine. Et pour cause puisqu'il dit : " Bechat (le PDG) : +35% en 2005 et +17% en 2006. Et toi ? ". La volonté d'obtenir enfin une vraie augmentation unifie tous les salariés, en normale, en 3x8, en 2x8. Ils se mobilisent chaque jour pour réclamer 300 euros mensuels afin de retrouver le niveau des paies d'il y a quinze ans.

Lundi 12 février, l'annonce que les syndicats, sauf la CGT, étaient prêts à signer l'accord salarial de la direction n'a pas découragé les grévistes. Cela est nouveau puisque, les deux années précédentes, ces signatures avaient suffi à stopper les mouvements. Le dynamisme des cortèges s'entend très fort entre les murs de cathédrale de l'atelier principal : pétards, fumigènes, klaxons, tandis que la direction cherche refuge régulièrement derrière des huissiers, qui notent tout et qui sont la risée des grévistes.

Mardi 13 février au matin, 350 grévistes sont allés informer la population de leur mouvement autour d'un rond-point stratégique, sur la RN7. Le mouvement a été reconduit comme chaque jour. D'autres initiatives sont en préparation. Lundi 19 février, les grévistes ont remis le couvert en défilant dans les ateliers, décidés à mettre de l'ambiance.