Italie : Fiat trinque pour sa sortie du tunnel... mais les ouvriers ne voient pas la lumière.22/02/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/02/une2012.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Italie : Fiat trinque pour sa sortie du tunnel... mais les ouvriers ne voient pas la lumière.

Les actionnaires de Fiat ont pu fêter la fin de l'année. En 2006 la croissance du constructeur a été la plus élevée en Europe, atteignant une part de marché de 7,9% qui le place cinquième parmi ceux-ci. En Italie l'entreprise turinoise a accaparé 30,7% du marché (plus 2,8% sur 2005) et la croissance des ventes a atteint 14% par rapport à l'année précédente.

Le 18 décembre dernier a été signé entre le groupe Fiat et les syndicats un accord sur un plan industriel. Il prévoit une augmentation de la production aussi bien à l'étranger (Chine, Inde, Russie et Turquie) qu'en Italie et confirme le lancement de 23 nouveaux modèles entre 2007 et 2010. À Cassino, la production de la nouvelle Bravo a commencé et à l'usine turinoise de Mirafiori la production de l'Alfa Junior commencera l'an prochain. Mais les ouvriers peuvent-ils vraiment sabler le champagne ?

En 2002, début de la crise de Fiat, les travailleurs de Mirafiori étaient 27000, actuellement ils sont 14600. Pendant la même période les cadences de travail se sont intensifiées au point de provoquer de graves dommages pour la santé des ouvriers sur les chaînes de montage. Les travailleurs ont fait grève de nombreuses fois contre cette aggravation de leurs conditions de travail. Les délégués du syndicat Fiom-CGIL ont engagé une action en justice contre Fiat et ses dirigeants pour faire reconnaître les dommages causés. En outre, il faut rappeler le recours répété au travail du samedi de la part de l'entreprise alors que des centaines de travailleurs étaient toujours mis au chômage.

Aujourd'hui, en confirmation de la reprise, Fiat annonce 300 nouvelles embauches à l'usine Powertrain qui produit les moteurs, embauches conditionnées bien sûr à la reprise du marché et à la possibilité de mettre en préretraite 2000 travailleurs. Si embauche il y a, ce sera dans le meilleur des cas en ayant recours à l'apprentissage. C'est en effet la forme de contrat utilisée pour confirmer, depuis le 15 janvier, les 30 jeunes qui ont été embauchés pour trois mois en octobre dernier. On se demande ce que ces jeunes ont encore à apprendre, étant donné qu'ils ont déjà travaillé trois mois chez Fiat ? En fait pour ces ouvriers cela signifie deux ans de travail sous-payé, au coefficient le plus bas, et une nouvelle période d'essai les contraignant à la docilité pour cette durée.

Les tons triomphalistes de la presse pour dire que Fiat est maintenant sortie du tunnel, ne doivent pas faire illusion. Quand le marché est en crise, ce sont les travailleurs qui payent par les mises au chômage partiel, les licenciements et les bas salaires. Quand la production réaugmente, ce sont les patrons qui en cueillent les fruits, pendant qu'on continue de demander des sacrifices aux ouvriers au nom de la compétitivité des entreprises. Sur l'autel du profit, ce sont toujours les travailleurs que l'on immole.

(Extrait du journal de nos camarades italiens de L'Internazionale - février 2006)

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