L'IVG dans l'Union européenne : Un droit qui reste à conquérir08/02/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/02/une2010.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

L'IVG dans l'Union européenne : Un droit qui reste à conquérir

Le Portugal n'est pas le seul État de l'Union européenne dans lequel les femmes doivent encore lutter pour obtenir le droit à l'IVG. Quatre autres pays leur refusent ce droit d'avoir des enfants quand elles le désirent: Chypre, la Pologne, l'Irlande et Malte.

À Chypre, l'interruption volontaire de grossesse est illégale, mais les autorités n'inquiètent pas les médecins qui la pratiquent dans des cliniques privées, donc payantes (dans les 400 à 500 euros). Mais dans les autres pays, les préjugés réactionnaires véhiculés par l'Église catholique pèsent sur les gouvernements qu'elle influence.

En Pologne, après avoir été légale pendant près de quarante ans, l'IVG n'est plus autorisée depuis 1993 que dans trois cas: si la grossesse met la vie de la mère en danger, si elle résulte d'un viol ou d'un inceste, ou si l'embryon présente des malformations irrémédiables. En fait, même lorsqu'un médecin résiste aux pressions et prescrit une IVG à une femme, les hôpitaux publics ne sont pas tenus de la pratiquer, et beaucoup de médecins se réfugient dans la «clause de conscience». Les femmes qui veulent faire une IVG, légalement ou non, n'ont d'autre choix que de se tourner vers les cliniques privées qui acceptent de faire cette intervention, pour une somme équivalente à un ou deux mois de salaire, ou bien de subir les risques liés aux avortements clandestins, ou encore d'aller à l'étranger, ce qui n'est ni simple, ni économique. La législation est similaire en Irlande et à Malte. En Irlande, une loi récente autorise cependant les femmes à aller avorter... à l'étranger, ce qui ne change rien car, heureusement pour elles, elles n'avaient pas attendu d'avoir ce «droit» pour le faire!

Les institutions européennes font preuve de beaucoup de complaisance vis-à-vis des pays qui refusent d'inscrire le droit à l'interruption volontaire de grossesse dans leur loi. Elles font plus que de se déclarer sans pouvoir. Ainsi, quand l'Irlande a rejoint l'Union européenne, elle avait eu droit à un régime spécial, annexé depuis au traité de Maastricht, qui stipulait qu'aucun traité européen ne pourrait modifier sa législation sur «le droit à la vie des êtres à naître». Un protocole semblable a été obtenu par Malte, et annexé au traité d'adhésion.

Ces mêmes institutions prennent prétexte que les «droits de l'homme» ne seraient pas respectés pour retarder ou refuser l'adhésion de certains pays, comme la Turquie, à l'Union européenne. Mais que les droits de la femme ne soient pas respectés, cela les laisse indifférentes.

Marianne LAMIRAL

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