Filibus (Chartres) : Le patron obligé de reculer08/02/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/02/une2010.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Filibus (Chartres) : Le patron obligé de reculer

Le lundi 29 janvier devait être l'inauguration de la nouvelle flotte de véhicules de Filibus, le réseau de transport urbain de l'agglomération chartraine. Mais les bus ne sont pas sortis du dépôt et l'inauguration a été annulée, car les chauffeurs se sont mis à plus de 90% en grève. L'action s'est poursuivie toute la semaine, avec une nouvelle journée de grève le jeudi 2 février et des débrayages de 55 minutes les autres jours.

Ce mouvement est parti de l'exaspération des conducteurs, alors que la direction ne proposait que 1,8% d'augmentation pour l'année. À l'appel des syndicats CGT et FO, les grévistes réclamaient une prime de pénibilité. Ils considéraient cela d'autant plus légitime qu'ils subissent, depuis longtemps, une dégradation de leurs conditions de travail, en particulier parce que les agressions contre les conducteurs se sont multipliées ces derniers mois. Et puis les travaux d'aménagement du centre-ville puis des quartiers de Chartres, qui durent au total depuis trois ans, engendrent de nombreux retards et beaucoup de chauffeurs ne peuvent plus prendre leur coupure de vingt minutes au dépôt, qui est pourtant prévue par la législation après six heures de conduite.

Les salariés de Filibus se sont heurtés à l'intransigeance de la direction de Transdev qui, dans le cadre d'une délégation de service public, est le gestionnaire du réseau Filibus depuis la mi-2006. Filiale de la Caisse des Dépôts et Consignations, Transdev est un très gros opérateur de transports urbains et interurbains en France et dans le monde. Présent en Allemagne, en Grande-Bretagne, en Italie, en Espagne, au Portugal et... en Australie, il exploite 84 réseaux urbains et 43 interurbains. Et il se vante d'être «en croissance accélérée». Les travailleurs ont aussi eu droit aux déclarations du maire UMP de Chartres qui a appuyé Transdev en déclarant: «Il est hors de question de céder».

Après avoir refusé de discuter, puis affirmé que les revendications des grévistes étaient exagérées, la direction de Filibus a finalement concédé une «prime de recette» allant de 50 à 150 euros, qui sera attribuée aux conducteurs en fonction des ventes de tickets aux voyageurs.

C'est sur cette base que les chauffeurs ont décidé d'arrêter le mouvement, même s'ils n'ont pas obtenu exactement ce qu'ils voulaient. Avoir fait reculer ce patron méprisant, c'est de toute façon une satisfaction.

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