Airbus : Les travailleurs ne veulent pas faire les frais du plan d'économies08/02/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/02/une2010.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Airbus : Les travailleurs ne veulent pas faire les frais du plan d'économies

Le 2 février dernier, 25000 personnes ont manifesté à travers l'Allemagne, à l'appel du syndicat IG Metall, pour soutenir les travailleurs d'Airbus qui craignent pour leurs emplois. À Hambourg, l'usine la plus importante, il y a eu 10000 grévistes. À Toulouse, une assemblée générale a rassemblé près de 400 travailleurs allemands. Enfin, mardi 6 février, dans tous les sites d'Airbus France, les travailleurs ont massivement débrayé une heure à l'appel de tous les syndicats.

Suite aux retards de l'A380, un plan d'économies drastiques a été lancé par Streiff (le PDG démissionnaire au bout de 100 jours), puis repris par le nouveau PDG Gallois. Dès la fin de l'été 2006, toutes les embauches ont été gelées et les intérimaires ou les CDD ne sont pas repris à la fin de leur mission. Ordre a été donné aux sous-traitants de se réorganiser, car Airbus ne voudrait conserver que 500 sous-traitants «majeurs» au lieu de 3000 aujourd'hui.

En interne, la direction veut regrouper au niveau de EADS, qui est l'actionnaire principal d'Airbus, des services dits transverses, tels que les Ressources Humaines, les achats, la finance, la recherche, l'informatique... dans le but, bien sûr, de faire des économies. Ainsi, à Toulouse, une trentaine de salariés du service Paie et des Retraites ont été avertis que leur contrat allait changer: ils seraient EADS au lieu d'Airbus. Mais si ce Centre de Services Partagés est regroupé à Toulouse, que vont devenir les salariés des services Paie de EADS-Eurocopter à Marignane, de EADS-Astrium aux Mureaux, par exemple? Dans les services Informatique ou Achats, où le même processus est envisagé, les salariés se posent des questions.

Depuis des mois, le plan d'économies se met sournoisement en place. Mais c'est autour du 20 février qu'il devrait être totalement dévoilé, en particulier les trois derniers points, qui concernent principalement les implantations des nouvelles chaînes d'assemblage, avec à la clé la fermeture/vente de plusieurs sites.

En fait ce plan, lancé sous le prétexte des retards sur l'A380, vise à revoir tout le processus d'étude et de production, dans le seul but de réduire les coûts par rapport au concurrent Boeing. Il ne vise qu'à accentuer la rentabilité financière, pour satisfaire toujours plus les actionnaires.

Car Airbus n'est pas en crise: en 2006, 434 avions ont été livrés, 790 commandes ont été passées, il y a pour cinq ans de travail, les bénéfices ont été de 1,04 milliard d'euros au 1ersemestre.

Mais c'est aux salariés qu'on veut présenter la facture. Par contre, il n'est pas question de demander de rembourser à Lagardère, à Daimler Chrysler, ni à Forgeard ou aux autres dirigeants qui se sont servis au moment où les actions étaient au plus haut!

Pourtant, nombre de travailleurs pensent que ce serait la moindre des choses. Ils trouvent même choquant que des dirigeants syndicaux réclament à l'État français de racheter les actions dont veut notamment se débarrasser Lagardère. Si les États, français mais aussi allemand, avaient un rôle à jouer, ce serait au moins de réquisitionner les profits présents et passés de EADS pour sauver l'emploi de tous.

Il est question d'une nouvelle journée d'action le 20 février, à l'échelle européenne. Il faut souhaiter que la participation soit la plus massive possible.

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