Mal-logés : Depuis des années, des tonnes de déclarations, mais de plus en plus de mal-logés10/01/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/01/une2006.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Mal-logés : Depuis des années, des tonnes de déclarations, mais de plus en plus de mal-logés

Emboîtant le pas à Chirac, Villepin a annoncé qu'un projet de loi sur le «droit au logement opposable» serait présenté au Conseil des ministres le 17 janvier.

Oubliant que son gouvernement avait jusqu'ici «oublié» les mal-logés, il n'est pas avare de grandiloquence. D'après lui, «la mise en place d'un droit au logement opposable est une étape majeure dans notre République. Ce principe placera le droit au logement au même rang que le droit aux soins ou à l'éducation. Il fera de la France un des pays les plus avancés en matière de droits sociaux». Rien que ça!

Depuis des décennies, les gouvernements n'ont rien fait pour s'attaquer à la crise du logement, se contentant d'esbroufe publicitaire. Le recours au droit de réquisition des logements, inscrit dans une ordonnance de 1945 et réclamé par les associations pour apporter une première réponse d'urgence aux besoins des sans-abri, a été évoqué à plusieurs reprises. Par exemple, début janvier 1993, Chirac, alors maire de Paris, s'était déclaré «choqué» par la procédure de réquisition prise par le gouvernement Bérégovoy, alors que celle-ci était pourtant bien limitée puisqu'elle ne portait que sur deux immeubles parisiens.

En décembre 1994, le ton de Chirac avait changé, alors que se rapprochait l'élection présidentielle qui le mettait en compétition avec Balladur.

Suite à l'occupation par l'association Droit au logement d'un immeuble vide de la Cogedim dans le 6è arrondissement de Paris, Chirac, encore maire de Paris, demandait au gouvernement l'application de l'ordonnance de 1945. Le ministre du Budget, alors fidèle supporter de Balladur, un dénommé Sarkozy, affirma alors son opposition à de telles mesures coercitives. Finalement, et à l'issue de multiples réunions où il fut même demandé par la Mairie de Paris aux associations de sans-logis de préfinancer les travaux de remise en état des logements, il y eut la réquisition de... trois immeubles, qui représenta environ 75 logements appartenant à des promoteurs et marchands de biens.

Après la victoire de Chirac à l'élection présidentielle de 1995, après une campagne sur le thème de la fracture sociale, le gouvernement Juppé annonçait un programme de 10000 logements d'insertion pour les sans-domicile-fixe et la création de 10000 logements «d'extrême urgence» pour l'hiver suivant, accompagné d'un plan de réquisition d'un millier de résidences. Finalement, 875 logements furent achetés auprès de banques et de compagnies d'assurances, qui ne perdirent pas au change compte tenu de l'indemnité qui leur fut versée et des travaux pris en charge par l'État. Le ministre du Logement de l'époque, Périssol, se félicita de ce «signal puissant de notre détermination politique», mais déplorait «un dysfonctionnement dans une société où l'on trouve à la fois des logements vacants et des personnes dans le besoin d'avoir un logement».

Onze ans après, cette prétendue «détermination» n'a rien changé à la situation. Mais ce n'est pas faute d'avoir fait de grandes proclamations sur le sujet. De là à penser que celles d'aujourd'hui...

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