Les étrennes de Chirac au patronat10/01/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/01/une2006.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Les étrennes de Chirac au patronat

Chirac, en guise de voeux aux «forces vives de la nation», a surtout annoncé le cadeau qu'il promettait aux patrons! Il souhaite, a-t-il dit, voir l'impôt sur les sociétés ramené, des 33% qu'ils payent aujourd'hui, à 20% en cinq ans. La présidente du Medef, Laurence Parisot, a chaleureusement approuvé, félicitant Chirac de donner «la bonne direction» et l'encourageant à faire plus encore: «Il y a aussi des choses à faire, notamment sur la taxe professionnelle», a-t-elle dit. Voilà en tout cas un voeu de Chirac qui a plus de chances d'être exaucé que ses promesses sur le logement. Les impôts patronaux diminuent en effet depuis des années et il continue dans la même voie.

L'impôt sur les sociétés est payé par les entreprises sur leurs bénéfices. Son taux était de 50% jusqu'en 1985. Depuis, il n'a cessé de baisser pour atteindre les 33% actuels. Un mouvement semblable a eu lieu dans les autres pays européens. Les chefs d'État déclinent depuis des années dans toutes les langues l'argument développé par Chirac. Il faudrait baisser l'impôt «pour conserver nos entreprises et en attirer d'autres» afin, explique-t-on, de maintenir et même de créer des emplois. L'argument est usé jusqu'à la corde. Les capitalistes ont profité des baisses d'impôts, mais nulle part cela ne les a empêchés de fermer des usines. On l'a vu en Belgique comme en Allemagne, en Angleterre comme en France. Et le chômage reste à un niveau élevé. Par contre, cette baisse des impôts patronaux a largement contribué à l'enrichissement des possesseurs de capitaux. Moins d'impôts sur les bénéfices, c'est immédiatement plus d'argent à distribuer en dividendes, ou à consacrer à la spéculation et au rachat d'autres entreprises, qui à leur tour grossissent la part qui revient aux actionnaires.

Il reste aussi à savoir comment va être comblé ce manque à gagner de l'État. L'impôt sur les sociétés rapporte aujourd'hui 41milliards. Mais si ce que payent les sociétés baisse dans la proportion souhaitée par Chirac, cela fera 16milliards d'euros en moins. C'est plus que ce que l'État consacre au logement et pratiquement la somme dépensée pour l'enseignement primaire. Ce qui revient aux actionnaires manquera aux services publics.

Les patrons se plaignent du «fardeau fiscal» qu'ils subissent et Chirac, qui a le coeur sur la main, s'empresse de les satisfaire. Mais ce fardeau des impôts, ce sont les travailleurs qui le supportent.

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