Emploi des polluants dans l’industrie : Des bombes à retardement10/01/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/01/une2006.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Emploi des polluants dans l’industrie : Des bombes à retardement

En France, en 2005, 500 000 salariés ont été directement exposés à des polluants très dangereux pour leur santé, et 2,8 millions indirectement. Tels sont les résultats d'une enquête que vient de publier l'Institut national de recherche et de sécurité (INRS), portant sur les agents chimiques CMR (cancérogènes, mutagènes ou reprotoxiques c'est-à-dire toxiques pour la reproduction) couramment employés en milieu professionnel. 2000 établissements appartenant à 30 secteurs d'activité avaient été répertoriés.

Les salariés potentiellement les plus exposés travaillent «essentiellement dans l'industrie chimique et pharmaceutique, chez les fabricants de peintures, de matières plastiques et de détergents», rapporte l'auteur de cette étude. Mais les travailleurs des secteurs du bois, des hydrocarbures, du textile, de l'agroalimentaire, des pressings, de la construction de routes, etc., sont soumis aux mêmes risques, même s'ils sont moins nombreux dans chaque secteur.

Nombre de ces produits sont connus depuis longtemps pour leur toxicité, tels le benzène, le toluène ou le trichloréthylène, utilisés comme solvants industriels, le chlorure de vinyle, servant à la fabrication de PVC, le 1,2-dichloroéthane, entrant aussi dans la composition du PVC mais surtout employé dans l'industrie pharmaceutique. La liste est bien plus longue: l'enquête de l'INRS porte sur 324 agents chimiques CMR et plusieurs centaines de dérivés pétroliers. Pour certains d'entre eux, des produits de substitution existent, moins nocifs pour les travailleurs mais, soucieuses de faire des économies, les entreprises attendent parfois des années avant de les utiliser, quand elles le font!

Il existe pourtant une législation très contraignante pour l'emploi des produits dangereux ou nocifs dans l'industrie. Elle reste souvent lettre morte. Par exemple, les patrons sont obligés de faire remplir une fiche individuelle aux salariés exposés aux produits chimiques, aux préparations dangereuses et agents CMR. Bien souvent, les travailleurs doivent insister pour obtenir cette fiche. Et surtout, ils sont généralement peu ou mal informés des risques qu'ils encourent, alors que des chercheurs chargés des cancers professionnels parlent de «bombes sanitaires» équivalant à dix fois l'amiante et qui vont faire de très nombreux morts.

Mais, comme pour l'amiante, les autorités laissent faire et les industriels empochent leurs profits sans états d'âme.

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