Volkswagen-Bruxelles : Après l’annonce des suppressions d’emplois, départs «volontaires» massifs14/12/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/12/une2002.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Volkswagen-Bruxelles : Après l’annonce des suppressions d’emplois, départs «volontaires» massifs

Chez Volkswagen à Bruxelles, après l'annonce des milliers de suppressions de postes, la direction avait ouvert les inscriptions pour les départs volontaires avec la prime. Durant les deux premiers jours, plus de 1500 salariés se sont présentés, sur les 5200 que compte l'entreprise. Cette possibilité est ouverte pendant deux mois, mais la direction pourrait n'accepter que 1500 départs, et très peu pour certains métiers spécialisés. Les intérimaires pourront aussi toucher 25 000 euros brut, le minimum de la prime.

Cette prime est présentée par les médias -et par les syndicats- comme exceptionnelle pour la Belgique, mais en Allemagne elle pouvait atteindre le double. En fait, cette prime ne se monte qu'à un mois de salaire brut, basé sur le salaire de nuit, par année d'ancienneté, avec un minimum de 25000 et un maximum de 144 000 euros. Après prélèvement à la source des cotisations sociales et impôts, il ne reste plus guère que 55% de ce montant. Pour un ouvrier ayant vingt ans d'ancienneté, cette prime ne représente de 25 à 34 mois de son salaire net, ce qui n'est pas beaucoup pour qui se retrouve à 45 ans à rechercher un travail.

Beaucoup d'ouvriers ne souhaitent pas rester à VW car l'avenir y est plus qu'incertain, avec sans doute des périodes de chômage partiel pendant un an ou deux et, à partir de 2009, des conditions de travail dégradées, des horaires allongés et des salaires en baisse pour produire un nouveau petit modèle, l'AudiA1, annoncé par la direction comme devant permettre de garder 3000 emplois. La majorité de ces emplois ne seraient plus des contrats VW, et seraient conditionnés par des gains de productivité de 20%, alors que VW Bruxelles avait déjà une productivité très élevée.

La direction comme les syndicats ont aussi présenté comme un atout le fait que Bruxelles aurait le monopole de cette production... Mais si ce modèle ne se vend pas, comme ne se sont pas vendues la petite Lupo et la luxueuse Phaeton?

Peut-être en saura-t-on plus après le 15 décembre, si les dirigeants du groupe daignent donner quelques précisions aux 10 à 12000 salariés sur la sellette... La presse s'est fait l'écho d'un possible retour de la production de l'Audi A3 à Bruxelles car elle se vendrait bien. La direction de VW fait le choix de diffuser au compte-gouttes ses informations, en alternant les alarmes -4000 emplois supprimés- et l'espoir -3000 emplois maintenus... en 2009- à moins qu'elle élabore sa politique industrielle internationale à la petite semaine, ce qui ne serait guère rassurant sur le sort futur des salariés.

En tout cas la direction bruxelloise envisage que le travail reprenne le lundi 18 décembre.

Du côté des milliers de sous-traitants, l'attente et l'angoisse sont les mêmes. Plusieurs entreprises ont été occupées par leurs ouvriers. Certaines directions se sont montrées particulièrement conciliantes. Johnson Controls, réputée pour ses licenciements collectifs expéditifs, verse même un complément aux 25 euros quotidiens d'indemnité de grève, pour atteindre le salaire habituel. Les directions de ces entreprises ont préféré payer pour garder leur personnel, sachant qu'elles vont devoir fournir les éléments de la Golf dès le redémarrage de la production, au moins le temps qu'elle soit complètement transférée en Allemagne.

Tout le monde attend, les 300 à 400 ouvriers qui se relaient devant l'entreprise, de jour comme de nuit, comme tous ceux qui ont suivi les consignes syndicales et sont restés chez eux. La plupart du temps les délégués syndicaux sont injoignables et, quand ils passent à l'usine, ils ne disent guère plus que les communiqués officiels.

De ceux qui se retrouvent autour du feu de palettes, beaucoup auraient souhaité qu'une lutte soit engagée, ne serait-ce que pour imposer des primes de départ plus importantes et des garanties sur les salaires et les conditions de travail futurs, et surtout pour ne pas se laisser virer ainsi sans aucune réaction. Et beaucoup ressentent amèrement l'absence d'une organisation décidée à mener la lutte.

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