SNCF : La montée du ras-le-bol14/12/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/12/une2002.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

SNCF : La montée du ras-le-bol

À la SNCF, le ras-le-bol des cheminots a commencé à s'exprimer le 20 novembre au matin, lorsque ceux de l'atelier d'entretien de Bischheim (près de Strasbourg) se sont mis en grève sans préavis. Ils s'opposaient à une énième réorganisation prévoyant, entre autres, d'imposer le travail en deux fois huit heures et de supprimer dix repos par an pour certains cheminots.

Le 28 novembre, ce sont les cheminots de l'atelier d'entretien du TGV-Atlantique de Châtillon (dans la banlieue parisienne) qui se sont mis en grève pour protester contre une réorganisation prévoyant 14 suppressions de postes. Lors d'une réunion du Comité d'entreprise régional où ils s'étaient rendus, les cheminots ont aussi tenu à rappeler au directeur de région qu'avec des salaires de 1000 euros net par mois ils ne pouvaient pas vivre.

Mais si le mécontentement a pris un caractère généralisé, c'est que de nombreux cheminots, en particulier les agents de conduite, se sont trouvés en butte à des changements dégradés de leurs services et de leurs roulements. À cela s'est ajouté le fait que depuis quatre ans a lieu une réorganisation du Fret, ou plus exactement son abandon au profit de la route. Aux dires de la direction, certains de ses dépôts se sont alors retrouvés excédentaires en effectifs. De ce fait, plusieurs centaines de conducteurs ont été obligés d'aller travailler ailleurs, dans les dépôts où il y a des manques d'effectifs, particulièrement les dépôts banlieue de la région parisienne. Avec le changement des services d'hiver, la direction a voulu rallonger les journées de travail dans les dépôts Fret, et du coup a augmenté le nombre de conducteurs dits excédentaires. Voilà ce qui explique en partie le ras-le-bol des dépôts de Clermont-Ferrand, Saint-Etienne, Limoges, etc.

Dans d'autres dépôts, qui assurent les trains express régionaux (TER), la direction a invoqué le souhait des Conseils régionaux de réduire leurs dépenses en matière de transports, qui représentent maintenant une part très importante de leur budget. Alors, là aussi les journées de travail sont rallongées et il devient de plus en plus difficile d'obtenir des congés.

Face à ce ras-le-bol, une série de préavis, allant du 6 au 12 décembre, ont été déposés en ordre dispersé par les syndicats (CGT, FO, SUD-Rail, FGAAC). Cela a été le cas à Paris Montparnasse et Austerlitz, Avignon-Marseille, Saint-Etienne, Clermont-Ferrand, Bordeaux, Nice, Toulouse, Paris Nord, Amiens, Belfort, Les Aubrais, Nevers, Nantes, Le Mans, Lyon-Mouche, etc. Mais le 10 décembre SUD-Rail et FO appelaient à un mouvement national des agents de conduite. Du coup, la crainte que ces mouvements locaux bien suivis puissent converger, avec une même revendication sur le manque de personnel, a conduit la direction à lâcher du lest sur des promesses d'embauches et des aménagements de roulements souhaités par les grévistes, ce qu'elle avait d'ailleurs déjà commencé à faire dès le démarrage de la grève.

À l'heure où nous écrivons, ce sont les conducteurs des pays de Loire, de la région Est, de Paris Saint-Lazare qui sont en grève. En fait, la SNCF est inquiète sur le changement de climat social, et pas uniquement chez les conducteurs où elle a supprimé environ 2250 postes en quatre ans. Chez les contrôleurs, il y a aussi un mécontentement certain, dû à un projet de réorganisation. De telles craintes concernent aussi les guichets et l'Équipement où, même si pour le moment les cheminots ne rentrent pas en lutte, beaucoup regardent ce qui se passe avec une grande sympathie.

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