Nantes : Des logements HLM volontairement à l’abandon14/12/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/12/une2002.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Nantes : Des logements HLM volontairement à l’abandon

Alors que rien ou presque n'avait été rénové depuis la construction de la cité des Dervallières, la municipalité de Nantes a entrepris depuis deux ans un vaste chantier de rénovations, démolitions et reconstructions.

À de multiples reprises, les habitants organisés en comité d'abord, puis en collectif (soutenu par la CNL, AC, la LDH, la LCR et LO), ont manifesté leur opposition à ce projet par des pétitions réclamant une réhabilitation plus que nécessaire des logements, mais sans hausse de loyer, et surtout la remise en cause des démolitions, à un moment où la demande de logements sociaux explose, évaluée à 20000 rien que pour la ville de Nantes.

Après un simulacre de concertation et une Charte de relogement signée par des syndicats de locataires peu représentatifs, la municipalité PS associant toutes les composantes de la gauche, dont le maire est Jean-Marc Ayrault, continue imperturbablement sa politique au nom de la «mixité sociale».

Les Dervallières, 5200 habitants, constitue le plus ancien grand ensemble d'habitat social construit à Nantes après la guerre, dans les années 1955-1960. Les 2500 logements HLM sont gérés par Nantes-Habitat, organisme que dirige la municipalité.

D'ici deux ans, 313 logements devraient y être démolis, dont la moitié seulement reconstruits sur le site, le reste sera remplacé par du résidentiel de luxe ou des logements en accession à la propriété, que personne dans la cité ne pourra se payer.

Les immeubles Géricault (47 logements) et Mignard (81 logements) en font partie et sont voués à la démolition en 2007 et 2008. Mais près de la moitié des locataires y vivent encore, faute de trouver mieux avec des loyers comparables ailleurs. Ils y vivent dans des conditions indignes: entrées où le carrelage est défoncé, boîtes aux lettres arrachées, carreaux cassés, moisissures dans les appartements, fils électriques qui pendent, canalisations attaquées par la rouille, cafards... Les conditions d'hygiène et de salubrité sont désastreuses.

Au Conseil municipal du 8 décembre, l'élue Lutte Ouvrière, Hélène Defrance, est intervenue dans le cadre des questions d'actualité pour protester contre cette situation, photos à l'appui, et soutenue par une dizaine de personnes du collectif. Observant que «pendant près de 50 ans, Nantes-Habitat n'a jamais cessé de percevoir les loyers, sans procéder au minimum d'entretien nécessaire, et sans entreprendre la moindre rénovation à l'intérieur des appartements», elle a demandé: «Comment pouvez-vous encore louer des appartements dans un tel état de vétusté? Comment justifiez-vous de ne pas les avoir entretenus régulièrement, ce qui permettrait à des familles aux revenus modestes de continuer à se loger correctement dans un quartier qu'ils apprécient?»

«Avant de démolir, la moindre des choses aurait été de prévoir le relogement de toutes ces familles, dans le quartier et avec des loyers équivalents», a-t-elle ajouté, dénonçant «une flagrante contradiction avec les affirmations comme quoi le logement social à Nantes est une priorité.»

La réponse du président de Nantes-Habitat, et aussi élu, a été de vanter les réhabilitations de HLM sur la ville depuis 1989, et de reporter sur la droite les crédits en baisse pour le logement social avant de dire: «Vous dénoncez, nous agissons!» Le propos a été repris par Jean-Marc Ayrault qui, visiblement agacé par la présence de membres du collectif et les critiques de l'élue LO sur le mépris des pauvres et le manque de démocratie, a déclaré: «Vous êtes dans le dénigrement systématique, vous et votre candidate. Nous, nous sommes dans l'action!» avant de clore le débat.

Les membres du collectif, choqués, ont quitté la salle ainsi que l'élue LO. Dans la presse le lendemain, on pouvait lire l'intégralité de la question d'actualité de la conseillère municipale LO, suivie de la réponse du président de Nantes-Habitat, mais on apprenait aussi que Ségolène Royal venait de charger Jean-Marc Ayrault de «moderniser la démocratie» et de faire des propositions sur la démocratie sociale et la démocratie participative... C'est en effet un expert!

Partager