Bourgeois Découpage (Besançon) : Travailler plus et gagner moins, c’est NON!14/12/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/12/une2002.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Bourgeois Découpage (Besançon) : Travailler plus et gagner moins, c’est NON!

Mardi 5 décembre, les 523 travailleurs de Bourgeois Découpage à Besançon étaient appelés à voter pour ou contre deux propositions de la direction. Il s'agissait, d'une part, de travailler 38h30 au lieu de 35 sans gagner plus et, d'autre part, de renoncer à la prime de fin d'année. Le patron, cité par le journal Les Échos, expliquait qu'en cas de refus, il serait «obligé d'éliminer une centaine de salariés. Sinon, on n'en licenciera qu'une petite cinquantaine.»

Bref, le patron demandait aux salariés: voulez-vous gagner moins, travailler plus, en étant moins nombreux, et dire merci? À ce «choix», la réponse a été un non franc et massif: sur les 92% des travailleurs qui se sont exprimés, 87% ont rejeté la remise en cause de la prime de fin d'année et 60% la fin des 35heures.

Il y a deux semaines, lors de l'annonce des propositions de la direction, TF1 et France 2 avaient ouvert leurs journaux télévisés en expliquant avec gourmandise que maintenant «les travailleurs n'hésitent plus à abandonner les 35 heures pour sauvegarder leur emploi». Tout cela parce que les journalistes avaient repris les résultats d'un vote complètement informel au moment où les salariés découvraient le projet du patron.

Ensuite, le patron voulait écrire à chaque salarié pour lui demander de répondre individuellement oui ou non à ses propositions. La procédure a soulevé un tollé, d'où ce vote à bulletin secret organisé en commun par les syndicats et la direction.

À l'issue du vote, Raymond Bourgeois a eu le culot de déclarer à la presse: «J'avais proposé la possibilité de moins réduire les effectifs par la solidarité, les salariés ont répondu: nous, on ne veut pas travailler plus. Ils m'ont envoyé ce message: c'est 100 postes en moins qu'on veut.»

Ce patron a tous les culots. Il veut supprimer 20% de l'effectif alors que la baisse du chiffre d'affaires n'est que de 0,8% cette année et que, pour 2007, il envisage un recul de 10%. Les équipes de week-end ont été supprimées mais la production est toujours en 3x8, et la direction a demandé à des salariés de travailler entre Noël et nouvel an. Comme quoi il y a encore du travail!

Bourgeois fabrique des pièces pour moteurs électriques utilisés en grande partie dans l'automobile. Il se lamente dans la presse sur la concurrence étrangère, ce qui ne manque pas de sel quand on sait que Bourgeois possède des usines en Suisse, en République tchèque et même en Chine . Le patron explique qu'il a perdu des commandes, en particulier de Valeo. Mais les travailleurs de Besançon n'y sont pour rien, et Bourgeois a connu suffisamment d'années de vaches fort grasses pour continuer à payer les salaires de tous.

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