Dimanche 10 décembre, à l'appel de très nombreuses organisations, six cents personnes se sont rassemblées à la porte d'Aix à Marseille et ont marché jusqu'au Canet pour dire leur indignation après la mort d'un étranger sans papiers et protester contre les centres de détention.

Le 1er décembre Kazim Küstül, un jeune ouvrier turc du bâtiment, avait été retrouvé pendu dans la salle de bain de sa cellule. Arrêté lors d'un contrôle sur le chantier où il travaillait, il était en instance d'expulsion au centre de rétention du Canet. Les membres de sa famille qui vivent en France n'ont été prévenus de son décès que par la presse. Deux autres détenus du centre ont tenté de se donner la mort quelques jours après lui. C'est dire le désespoir qui peut étreindre les personnes enfermées dans ce centre sans assistance réelle.

Le boulevard des Peintures qui conduit au centre était fermé par de nombreux CRS. Des immigrés racontaient que lorsqu'on venait rendre visite à un détenu, on était fiché, empreintes digitales relevées.

L'avocat de la famille annonçait aux manifestants rassemblés que la famille allait porter plainte «pour qu'un tel drame ne se reproduise plus». Il dénonçait ces centres de rétention: «On a beau dire que nous sommes dans un centre de rétention et non de détention, c'est en tout cas un lieu de privation de liberté, une enceinte entièrement contrôlée par l'État». Le député PCF du 14e arrondissement de Marseille où se trouve le Canet prit aussi la parole, ainsi que le représentant des associations d'originaires de Turquie qui déclarait: «On parque les gens dans ces centres, et voilà pourquoi Kazim est mort. Et le responsable de cela c'est Nicolas Sarkozy. Il fait la chasse aux sans-papiers pour pouvoir annoncer aux électeurs du FN qu'il est plus efficace que Le Pen.»

C'était d'ailleurs le texte de la banderole en tête de manifestation: «Kazim, victime de la chasse aux sans-papiers menée par Sarkozy.»