Vallourec fêté par la Bourse : Comment Bolloré a multiplié sa mise par 929/11/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/12/une2000.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Vallourec fêté par la Bourse : Comment Bolloré a multiplié sa mise par 9

Un communiqué vient d'annoncer que le «conseil scientifique» de la Bourse (on se demande ce qu'il peut bien y avoir de scientifique là-dedans) a décidé de faire entrer le géant mondial du tube d'acier, Vallourec, dans la cotation du CAC40, l'indice de la Bourse de Paris qui permet de voir l'évolution du prix de l'action des 40 «meilleures» entreprises françaises.

Ce qui est quelque peu comique dans cette annonce solennelle des autorités boursières, c'est que le principal actionnaire, Bolloré, une des dix premières fortunes de France, vient justement de décider de quitter le navire en empochant une gigantesque plus-value, trouvant apparemment qu'il est temps d'aller faire prospérer ailleurs le fruit de sa prédation.

Car l'entrée de Vallourec au CAC40 est comme un symbole de la réussite des spéculateurs financiers qui, en mettant la main sur une entreprise, la pressurent le temps d'en faire monter les actions, puis vont «investir» ailleurs le fruit de leur rapine.

Bolloré, le milliardaire choyé par les gouvernements, qui sévit sur tout le continent africain, a placé 150millions d'euros en 2002 sur Vallourec dont le titre était au plus bas. Aujourd'hui, en revendant seulement deux tiers de ses actions, il vient de récupérer 900millions. En 2002, actionnaire minoritaire, il n'en a pas moins dicté sa ligne de conduite au géant mondial des tubes d'acier. Rien qu'en France, Vallourec a fermé trois usines de production, supprimé des centaines d'emplois, aggravé de façon extrême des conditions de travail déjà dures en demandant aux ouvriers qui restaient en place de faire le travail de leurs camarades licenciés. Et pour aider ce milliardaire, l'État a montré qu'il était prêt à tout.

En 1994, les ouvriers de Laigneville dans l'Oise, dans le bassin creillois, dont l'usine venait d'être promise à la fermeture, ont pu en juger. Ils avaient eu l'impudence de ne pas se laisser faire et d'aller rendre visite aux autres salariés Vallourec dans le pays, et également au siège du groupe Bolloré dans la région parisienne. Le ministère de l'Intérieur a mobilisé ses CRS pour faire la chasse aux salariés qui réclamaient leur dû, il a organisé lui-même le déplacement des élus du CCE à... 900kilomètres de là en avion jusqu'à Pau, pour empêcher les salariés de demander justice. Le gouvernement a donné l'ordre au préfet de l'Oise de faire mettre les ouvriers à la porte de leur usine, par plus de 70gendarmes, au mépris de toutes les lois, alors que la procédure de licenciement n'était même pas officiellement engagée.

Mais que ne ferait-on pas pour un tel ami qui, comme Lagardère et Dassault, se paie journaux et chaînes de télévision, et considère, avec raison, que les gouvernements et l'État sont, en quelque sorte, sa domesticité.

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