Un supporter du PSG tué par un policier : La prétendue «fête du sport»29/11/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/12/une2000.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Un supporter du PSG tué par un policier : La prétendue «fête du sport»

Jeudi 23 novembre, à l'issue du match opposant le PSG à un club israélien, un supporter parisien a été tué d'une balle par un policier. Ce dernier, d'après les témoins et les journalistes, aurait tiré sous la menace de plusieurs dizaines de supporters du PSG qui tentaient de s'en prendre à un supporter du club adverse, dans une ambiance de lynchage raciste et d'insultes antijuives.

Ce n'est pas la première fois qu'une bagarre à la sortie d'un match de foot, ou même pendant un match, va jusqu'à la mort d'un homme. Par exemple, en 1985, une bataille rangée entre supporters anglais et italiens au stade du Heysel, à Bruxelles, et la panique qu'elle avait provoquée, avaient fait 39 morts.

Cette fois-ci encore, hommes politiques et dirigeants du foot y sont allés de leurs phrases creuses: il y a «nécessité absolue de combattre le racisme et l'antisémitisme dans les rangs des supporters du PSG», a déclaré Delanoë, le maire de Paris; Sarkozy a dit qu'il allait prendre des mesures pour que cela ne se reproduise plus, «même s'il fallait jouer à huis-clos» (sans spectateurs); le président de la Ligue de football, Thiriez, a affirmé que «ces gens-là n'ont rien à voir avec le foot et n'ont rien à faire dans nos stades». Tous ont déjà dit exactement la même chose, dans des circonstances similaires, sans que cela change quoi que ce soit.

Car les clubs de football professionnel, et pas seulement le PSG, veulent avoir leurs supporters attitrés, habillés à leurs couleurs, applaudissant, hurlant, huant les adversaires, pleurant après les défaites, équipés de banderoles, de cornes et de fumigènes et, si possible, remplissant les stades. Ils en ont besoin parce que le football est un spectacle qui est fait pour être regardé par des millions, voire des centaines de millions de téléspectateurs, qui doivent y croire et même s'y croire. Si le téléspectateur n'y croit pas, si l'ambiance n'est pas assez «chaude», l'enthousiasme pas assez débordant, la tension pas assez palpable, il change de chaîne et les recettes publicitaires baissent.

Tout est fait pour créer ce climat, depuis les commentaires des journalistes jusqu'aux «débordements» des supporters. Évidemment, les supporters en question, après avoir injurié pendant 90 minutes (et plus si prolongation) les supporters adverses avec la bénédiction des autorités, n'ont aucune raison de s'arrêter à la fin du match et, bien souvent, continuent à la sortie du stade jusqu'à en venir aux mains. Mais les organisateurs considèrent alors que c'est à la police de régler le problème... si elle y parvient.

De plus, dans le cas du PSG, le racisme et les préjugés d'extrême droite constituent un ciment supplémentaire pour souder quelques groupes d'excités pendant et après les matchs. Ils n'en sont, aux yeux des organisateurs, que plus spectaculaires, plus démonstratifs et plus fidèles. D'ailleurs si les officiels du PSG font des déclarations antiracistes à la presse, ils laissent sur leur site officiel toutes les coordonnées des groupes «ultras», continuent à leur vendre des billets, à organiser les déplacements avec eux et à fermer les yeux sur leurs «débordements».

Cela a occasionné pas mal de casse autour des stades, des passages à tabac en règle et, cette fois-ci, cela a coûté la vie à un supporter. Mais qu'importe, le PSG espère devenir un «grand» du foot, un de ces clubs comme le Real de Madrid, qui vend 800millions d'euros le droit de retransmettre ses matchs à la télévision, parce que les chaînes ont la conviction que les matchs seront regardés par des dizaines de millions de spectateurs et que cela appâtera les annonceurs.

C'est pourquoi, malgré ce «tragique accident», le spectacle continuera sans doute de la même manière.

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