Collège Mallarmé – Marseille : Les professeurs en grève pour pouvoir enseigner29/11/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/12/une2000.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Collège Mallarmé – Marseille : Les professeurs en grève pour pouvoir enseigner

Les enseignants du collège Mallarmé de Marseille, à l'unanimité, se sont mis spontanément en grève mardi 21 à partir de midi et mercredi 22 novembre.

Ce collège est situé à La Rose, au coeur des cités Val-Plan et le Clos, dans un quartier populaire où les conditions de vie déjà difficiles se dégradent rapidement. Ces temps-ci la Préfecture utilise son quota de logements dans ces cités pour y reloger des personnes qui n'ont comme revenu que le RMI ou d'autres minima sociaux.

Par contrecoup, enseigner la culture nécessaire aux collégiens devient de plus en plus difficile, même avec des classes de 25 élèves. Ils sont découragés, ne voient pas du tout pourquoi ils sont là, et leur nombre favorise l'agitation. Dans les salles de cours il y en a toujours pour lancer des plaisanteries, voire des injures. Pour susciter l'attention de chacun, relancer l'intérêt de ceux qui ont perdu le fil, il faudrait des classes beaucoup moins nombreuses.

De fait, en entrant au collège, bon nombre de collégiens n'ont pas assimilé les acquis du primaire (aux évaluations d'entrée en sixième, ils obtiennent moins de 30% de bonnes réponses). Plusieurs dans chaque classe sont illettrés, ou trouvent trop difficile de lire plusieurs phrases simples d'affilée. Leur vocabulaire est indigent. Il faudrait pouvoir s'occuper d'eux par très petits groupes, pour qu'ils puissent reprendre confiance et acquérir ce qui leur manque.

Voilà pourquoi les trente-cinq enseignants du collège, qui ont en charge 500 élèves de 12 à 16 ans, se sont mis en grève, réclamant des enseignants supplémentaires, ce qui permettrait de réduire l'effectif des classes.

Dès le début, des parents sont venus nous encourager. Quant aux élèves, dès le jeudi matin nous leur avons expliqué les raisons de la grève, alors qu'ils s'imaginaient que celle-ci était contre eux, parce qu'ils étaient trop pénibles.

Des contacts ont été pris avec d'autres établissements scolaires des environs, qui ont les mêmes difficultés, sinon pires.

De son côté, l'Inspection académique a promis trois demi-postes de surveillants supplémentaires, et une structure l'an prochain pour accueillir les élèves les plus en rupture avec le système scolaire. Mais ce dont nous avons surtout besoin, c'est d'enseignants supplémentaires.

Parti d'un ras-le-bol devant l'impossibilité d'enseigner correctement, le mouvement a permis de nouer des liens entre nous et avec les parents d'élèves. Cela servira pour l'avenir, car nous ne sommes pas disposés à travailler n'importe comment et il faudra à coup sûr qu'on recommence.

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