Veolia Suez Bouygues : Tant va la cruche à l'eau...22/11/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/11/une1999.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Veolia Suez Bouygues : Tant va la cruche à l'eau...

Les pratiques des trois compagnies qui se partagent le marché de la distribution de l'eau, Veolia (ex-Vivendi), Suez (Lyonnaise des Eaux) et Saur, viennent d'être, une nouvelle fois, partiellement éclairées : une association d'usagers rappelle que la Société des Eaux du Nord (SEN, filiale de Veolia et de Suez) doit, depuis 1997, 140 millions à l'agglomération de Lille. Cette somme représente la différence, calculée par la Cour régionale des Comptes, entre ce que la SEN avait perçu comme "provisions pour renouvellement" des canalisations et le montant des travaux réellement effectués. L'association demande que la communauté urbaine de Lille exige d'être remboursée.

D'autre part, le 20 novembre, à l'occasion du renouvellement du contrat entre la communauté urbaine de Bordeaux et la Lyonnaise des Eaux, on apprenait qu'un audit avait fait apparaître un trop-perçu de 29,3 millions d'euros en faveur de la Lyonnaise. Parallèlement, celle-ci prétendait faire payer aux usagers le remplacement des canalisations en plomb équipant la ville. Finalement la Lyonnaise a accepté d'engager ces frais, alors que la ville de son côté oubliait le trop-perçu.

Le mécanisme de ces trop-perçus est connu depuis longtemps, en particulier depuis la quasi-faillite de Vivendi en 2002. En plus du prix de l'eau (dont on ne sait d'ailleurs pas comment il est calculé et pourquoi il peut varier du simple au double), le consommateur paye une "provision pour renouvellement" du système de distribution. Bien que les canalisations appartiennent aux communes, cette provision est versée aux distributeurs, qui sont censés entretenir le réseau. Mais aucun contrôle systématique n'est prévu sur les travaux et, si l'argent n'est pas dépensé, il reste propriété du distributeur. Par exemple, dans son rapport de 2005, le maire de Paris, Delanoë, soulignait que "pour la première fois" les sociétés avaient fourni les pièces justificatives des travaux entrepris. De plus, concentrées par des sociétés de la taille de Vivendi qui distribue l'eau dans 8000 villes de France, ces provisions deviennent d'importants capitaux qui peuvent être placés sur les marchés financiers.

De son côté l'Union européenne exige que les canalisations d'eau en plomb soient remplacées d'ici 2013, parce qu'elles pourraient être responsables de maladies graves. Suez, Veolia et Saur se hâtent lentement de les changer et essaient de payer le moins possible. En revanche, elles proposent aux usagers des filtres anti-plomb, payants cela va de soi, pour dépolluer l'eau polluée qu'elles vendent.

Bien entendu, un certain nombre de travaux sont faits, sinon l'eau n'arriverait plus dans les appartements. Mais les gestionnaires privés essaient toujours d'en faire supporter les frais aux usagers ou aux collectivités locales, et d'en payer le moins possible. Alors, l'âge moyen des canalisations continue d'augmenter et des organismes tout à fait officiels constatent qu'il y a de plus en plus de fuites sur les réseaux, jusqu'à 40 % dans certaines régions.

Ces pratiques, connues de tous depuis des années et d'ailleurs absolument légales, continuent. Car, dans cette société, c'est le profit qui coule de source et tout est fait pour qu'il arrive dans les bons tuyaux, avec le moins de fuites possible.

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