Sortie du film "Diamant de sang" : Les diamantaires protestent.22/11/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/11/une1999.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Sortie du film "Diamant de sang" : Les diamantaires protestent.

L'action du film Blood Diamond (Diamant de sang), film d'aventures prévu pour sortir dans les salles américaines début décembre, se situe en Sierra Leone, pendant la guerre qui s'y est déroulée entre 1997 et 2000. Derrière les aventures du héros qui est à la recherche d'un diamant rose, ce film montre la contrebande de diamants qui s'opère dans plusieurs pays africains, et dont la vente permet d'alimenter en armes les différentes factions en guerre, qu'elles soient du côté des gouvernements ou des rebelles, et les ravages qu'elles provoquent parmi les populations.

Mais qui dit vendeurs de diamants à un bout dit forcément acheteurs à l'autre bout. Or les producteurs de diamants, tout comme les diamantaires qui achètent ces pierres pour les tailler avant de les revendre aux joailliers, ont élevé des protestations contre ce film. Ce qui les indigne n'est pas tant les massacres des populations, occasionnés et alimentés par le trafic de diamants, mais le fait que le film... sorte juste avant les fêtes de fin d'année, période faste pour les ventes ! Ils craignent que, écoeurés par ce qu'ils auront vu, les spectateurs (du moins ceux qui ont les moyens) ne veuillent plus acheter de diamants. Or, plus de la moitié des quatorze milliards de dollars que rapportent les ventes de diamants polis s'effectuent aux États-Unis.

Pour leur défense, les gros producteurs de diamants, dont le sud-africain De Beers, avancent que ce secteur fait vivre des millions de gens en Afrique. À les en croire, ceux-ci seraient les premiers pénalisés par une baisse des ventes. Mais surtout ils affirment que la production et la vente de diamants seraient devenues plus morales depuis 2003, avec la signature du Processus de Kimberley, qui regroupe une soixantaine de pays producteurs, transformateurs ou faisant le commerce de diamants. Toujours selon les diamantaires, la part des "diamants sales" -c'est-à-dire ceux issus de zones de conflits- et servant à les financer serait maintenant infime.

En fait, si le trafic de diamants alimentant des guerres en Afrique aurait officiellement décru en Angola et en Sierra Leone, il s'est déplacé vers la République démocratique du Congo, le Liberia et la Côte-d'Ivoire. Le pillage des ressources de l'Afrique en minéraux précieux pour le profit des producteurs, diamantaires ou joailliers de luxe des pays riches, continue de plus belle. Et ceux-ci préfèrent que, plutôt que de montrer leur marchandise, on projette Harry Potter ou Blanche-Neige pour Noël.

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