Royal peut gagner la présidentielle,mais promet-elle de changer le sort des classes populaires ?22/11/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/11/une1999.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Royal peut gagner la présidentielle,mais promet-elle de changer le sort des classes populaires ?

Ainsi donc, les adhérents du Parti Socialiste ont choisi Ségolène Royal comme candidate de leur parti pour l'élection présidentielle. À en croire les sondages, le Parti Socialiste a choisi la candidate qui aurait le plus de chances de l'emporter à cette élection.

On pourrait, bien sûr, se réjouir que Ségolène Royal l'emporte à la présidentielle car cela signifierait la défaite de Sarkozy.

Le gouvernement de droite, au pouvoir depuis quatre ans, a tellement accumulé de mesures antiouvrières, il a tellement aidé le grand patronat à aggraver le sort des travailleurs, il a manifesté si ouvertement son mépris à l'égard du monde du travail que l'électorat populaire a de bonnes raisons de vouloir s'en débarrasser. Et Sarkozy incarne cette droite antipopulaire dans sa variante la plus brutale, avec sa démagogie faite pour plaire à l'électorat lepéniste.

Mais l'électorat populaire peut-il pour autant espérer que Ségolène Royal répondrait à ses besoins les plus élémentaires ? Est-ce qu'il peut espérer qu'elle mettrait fin au chômage, ou même seulement qu'elle le ferait reculer de façon significative ? Est-ce que, avec elle à la présidence, les travailleurs ne vivraient plus sous la menace permanente d'un plan de licenciements ou d'une délocalisation qui les transforme en chômeurs puis en pauvres ?

Est-ce que les jeunes auront l'espoir de commencer autrement leur vie active qu'en galérant de période de chômage en emploi mal payé ou en stages pas payés du tout ?

Est-ce que les classes populaires pourront espérer qu'au moins dans ce qui est du domaine de l'État, il y aura des changements significatifs ? Par exemple assez de crédits pour la construction de logements convenables, à la portée d'un salaire ouvrier, pour résoudre le problème du logement ? S'attaquerait-elle aux promoteurs immobiliers pour enrayer les hausses des loyers qui sont catastrophiques pour bien des ménages des classes populaires ?

Est-ce qu'on peut espérer que l'État donnera à l'Éducation nationale les moyens d'embaucher suffisamment d'instituteurs d'écoles maternelles et d'écoles primaires, permettant aux écoles des quartiers populaires d'assurer une éducation adaptée à tous ?

Malheureusement, on connaît par avance la réponse, et on sait que c'est non.

Ségolène Royal prétend incarner une rupture avec le passé. Elle a cependant été ministre, aussi bien sous Jospin que déjà à l'époque de Mitterrand. On ne peut vraiment pas dire, ni de l'un ni de l'autre, qu'ils ont gouverné en faveur des classes populaires ni qu'ils ont protégé les travailleurs un tant soit peu contre les coups du grand patronat.

Le passé est le passé, pourrait-on se dire. Mais les quelques changements que Ségolène Royal a proposés jusqu'à présent ne vont nullement dans le sens des intérêts des travailleurs. Elle ne promet même pas d'annuler les mesures les plus antiouvrières du gouvernement de droite en place, ce qui serait un minimum. Et surtout elle se garde bien d'annoncer quelque mesure de contrainte que ce soit pour obliger les patrons à utiliser leurs profits élevés de façon utile pour la société, en premier lieu en sauvegardant les emplois. Comment pourrait-elle alors répondre aux problèmes criants qu'affrontent les classes populaires ?

L'élection présidentielle est dans cinq mois. Ségolène Royal aurait le temps de prendre les engagements qu'elle n'a pas pris jusqu'à présent.

Il faudra en tout cas que Ségolène Royal sache que, si les classes populaires haïssent Sarkozy, elles se méfient aussi des bonimenteurs qui ne prennent aucun engagement concret. Cela, les classes populaires pourraient bien le lui rappeler, avant même de voter pour elle.

Arlette LAGUILLER.

Éditorial des bulletins d'entreprise du 20 novembre.

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