Banque de France : Gouvernement et direction contre les salariés et leurs retraites.22/11/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/11/une1999.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Banque de France : Gouvernement et direction contre les salariés et leurs retraites.

Les employés de la Banque de France sont la nouvelle cible du gouvernement. Lors d'une interview au quotidien Le Parisien du 20 novembre, Jean Arthuis, président de la commission des Finances du Sénat et ex-ministre des Finances dans les gouvernements Juppé, a osé déclarer : "Il est du rôle du Parlement (c'est-à-dire de l'ensemble constitué par l'Assemblée nationale et le Sénat) de gommer les anomalies et les gabegies. En l'occurrence, la Banque de France est un des chantiers de référence."

Ce n'est pas à l'activité de cette banque qu'il faisait ainsi allusion mais à la situation de ses employés. Il part en guerre contre ceux qui sont désignés comme de scandaleux privilégiés, sous prétexte qu'ils seraient un peu mieux lotis que d'autres travailleurs. Et en espérant recueillir l'assentiment d'une partie de l'opinion publique, Arthuis -relayé par la presse- a commencé par dénoncer le budget du comité central d'entreprise de la Banque.

Ce budget permet au personnel de disposer, comme dans d'autres grandes entreprises, de centres de vacances, de restaurants d'entreprise à bon marché, d'aides sociales, etc., toutes choses qui n'ont rien d'exceptionnel. Arthuis calcule que le budget du CCE représente 13 % de la masse salariale, ce qui est beaucoup trop à ses yeux. Il oublie de préciser que le fonctionnement du CCE ne concerne pas que les 13400 employés de la Banque mais aussi le millier d'employés non statutaires qui y travaillent ainsi que ses quelque 12000 retraités. De plus, les 82 millions présentés par Arthuis comme le budget de fonctionnement du CCE comprennent des postes qui n'auraient rien à y faire, comme par exemple les frais d'entretien des propriétés de la Banque de France. Dans ces conditions, les calculs qui servent d'arguments à Arthuis sont délibérément malhonnêtes et le budget réel du CCE ne s'élève qu'à environ 2,5 % de la masse salariale, soit quelque 13 millions d'euros. Ce n'est pas pareil !

En fait, cette attaque contre les employés de la Banque de France vise surtout leur régime spécial de retraite, actuellement remis en cause par la direction. Celle-ci voudrait que le nombre d'années de cotisation nécessaires pour une retraite à taux plein passe de 37,5 à 41 années. En réalité, cela signifierait une diminution importante du montant des retraites. Or, actuellement, la retraite d'un employé n'est pas très élevée. Par exemple, pour un employé au plus bas niveau, celui d'agent de service, elle se situe à environ 1 200 euros par mois. Pour faire passer son projet, la direction compte sur l'acceptation des syndicats, sinon de la CGT (qui représente un quart des voix aux élections du personnel), du moins de tous les autres, SNA (autonomes), CGC, CFDT, CFTC, FO et SIC (Syndicat des Indépendants Chrétiens), qui se sont en effet engagés à le signer.

Mais rien ne dit que les employés accepteront aussi facilement ces reculs sociaux qu'on veut leur imposer. La Banque de France a fait 500 millions de bénéfices en 2005 et compte en faire plus à l'avenir. C'est dire combien assurer des retraites correctes aux employés et maintenir le fonctionnement du CCE ne lui poserait aucun problème. Mais comme partout, il s'agit de ne pas toucher aux profits.

Partager