Sans-abri : Ce n’est pas un problème saisonnier08/11/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/11/une1997.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Sans-abri : Ce n’est pas un problème saisonnier

Cela revient chaque hiver. Le gouvernement a annoncé un «plan d'hébergement d'urgence» pour les sans domicile fixe. Il annonce un peu plus de lits disponibles cette année dans les centres d'hébergement, et les sans-abri ne seront plus forcément obligés de retourner dans la rue au petit matin avec leurs affaires, car quelques centres seront ouverts en permanence. Cela incitera peut-être une partie des sans-abri à accepter cet hébergement qu'ils refusaient jusque-là, préférant même la rue.

Cependant, ces petites améliorations annoncées sont déjà dépassées par la misère qui progresse. Le rapport, sur lequel la ministre Catherine Vautrin s'est basée pour établir son plan, l'affirme d'ailleurs sans ambiguïté. À Paris et dans les départements proches, où se concentrent la plupart des sans-abri du pays, les centres d'hébergement sont toujours saturés bien que leur nombre de places soit passé de 17212 à 26642 en quatre ans. Le 115, numéro du SAMU social, est chaque nuit débordé par les appels, le nombre de personnes sans domicile augmentant bien plus vite que celui des places dans les centres.

Et pourtant, un tiers d'entre eux ont un emploi. Mais un emploi précaire, occasionnel ou à temps très partiel qui ne permet plus de payer des loyers toujours en hausse, ni de réunir les garanties exigées par les propriétaires ou les organismes HLM. Comme le dit le rapport, «la forte progression des loyers, notamment en région parisienne, exclut de l'accès au parc privé, voire de l'accès au parc social, une proportion croissante de personnes aux ressources modestes». Alors, aux sans-abri qui reviennent d'hiver en hiver, d'autres viennent s'y ajouter.

L'urgence, ce n'est pas seulement quand le froid revient. C'est de permettre à tous de bénéficier d'un logement toute l'année, et pas seulement d'un hébergement pour la nuit. Mais pour cela, il faudrait que l'État prenne le problème du logement à bras le corps, avec la volonté de soustraire ce besoin vital à la loi du marché en construisant lui-même les habitations nécessaires. Ce qui signifierait un État qui s'occupe des besoins de toute la société, au lieu de ne se soucier que d'aider les plus riches.

Partager