Italie - Pendant que le gouvernement Prodi tergiverse : Une manifestation contre la précarité08/11/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/11/une1997.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Italie - Pendant que le gouvernement Prodi tergiverse : Une manifestation contre la précarité

Samedi 4 novembre, ce sont plusieurs dizaines de milliers de personnes qui ont manifesté dans les rues de Rome. Elles répondaient à un appel demandant l'abrogation de plusieurs lois adoptées par le gouvernement de droite de Berlusconi, remplacé au printemps dernier par Prodi.

Il s'agit de la loi Moratti, introduisant les intérêts privés dans l'enseignement, de la loi Bossi-Fini sur l'immigration, et de la «loi 30» généralisant la précarité.

La plupart des banderoles de la manifestation dénonçaient cette précarité. Elle est devenue la règle dans les entreprises italiennes. Dans le secteur privé comme dans le secteur public ou dans l'enseignement, on voit fleurir les types de contrats les plus divers, des CDD à l'intérim, aux soi-disant «coopératives», aux travailleurs autonomes ou même aux «cocopro», nouveau sigle barbare signifiant «collaborateur en continuité sur un projet». Le «travail sur projet» permet, en l'occurence, de se séparer du «collaborateur» sous prétexte que le «projet» est terminé.

Prodi, appuyé par les partis de gauche, avait avant son élection parlé de revoir profondément la «loi 30» de Berlusconi, qui a permis la multiplication de ces types de contrats. Mais à vrai dire cette loi n'était que la continuation du «paquet Treu», une série de lois du même genre, portant le nom d'un ministre du précédent gouvernement Prodi. Et depuis le retour de celui-ci, il est évident que la révision de la «loi 30», si elle a lieu, ne portera que sur des détails. Cela d'autant plus que les dirigeants de la Confindustria -équivalent italien du Medef- ne cessent de rappeler que le patronat a besoin de pouvoir licencier quand il veut et comme il veut.

Le gouvernement Prodi est maintenant en place depuis six mois. Le plus clair de son action consiste ces jours-ci en l'adoption d'une loi de Finances qui, tout en parlant de «défendre les plus faibles», leur promet surtout un nouveau cycle d'austérité. Un projet de reculer l'âge de la retraite est en cours, mais la révision des lois visées par la manifestation, elle, est visiblement remise aux calendes.

La manifestation n'a sans doute rassemblé que la partie la plus militante des travailleurs, et il serait nécessaire que la mobilisation s'amplifie. Mais quoi qu'il en soit il était temps de manifester pour dire qu'ils ne se laisseront pas lanterner par Prodi. La manifestation était appelée par différents collectifs, par les syndicats indépendants COBAS -«comités de base»- et surtout par la FIOM, la fédération de la métallurgie de la CGIL, le principal syndicat italien. Tandis que la majorité de la CGIL a décidé de considérer le gouvernement Prodi comme un «gouvernement ami» et de lui laisser tout le temps qu'il veut, les dirigeants de la FIOM cherchent ainsi à se démarquer un peu de la ligne très modérée de la confédération.

De la direction de la CGIL à une grande partie de la presse, les commentaires ont fleuri pour condamner toute tentative de faire naître ainsi une opposition à la politique gouvernementale venant de sa gauche. Ce n'est en fait même pas l'intention des dirigeants de la FIOM. Mais ce serait bien l'intérêt de l'ensemble des travailleurs du pays que d'engager directement la lutte pour leurs intérêts essentiels et de montrer au gouvernement Prodi qu'ils ne se laisseront pas encore tromper pendant cinq ans.

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