Irak: Saddam Hussein condamné à mort: l’homme de main jugé par ses parrains08/11/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/11/une1997.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Irak: Saddam Hussein condamné à mort: l’homme de main jugé par ses parrains

Dimanche 5 novembre, Saddam Hussein, ancien dictateur de l'Irak, a été condamné à mort par le tribunal spécial de Bagdad pour l'assassinat de 148 personnes dans le village de Doujaïl en 1982.

Saddam Hussein, qui a commencé sa carrière comme tueur à gages du parti Baas, alors sur le chemin du pouvoir, est devenu policier en chef et a exercé une dictature personnelle de 1979 à 2003. Il a fait exécuter tous ses opposants, ordonné le massacre de villages et de populations entières, fait régner la terreur sur le peuple irakien pendant vingt-quatre ans. Dans ces conditions, on peut se demander pourquoi ce tribunal ne le jugeait «que» sur ces 148 assassinats et pas sur l'ensemble de ses crimes, c'est-à-dire sur toute sa carrière politique.

Mais ce tribunal, comme le gouvernement et l'ensemble de l'appareil d'État irakiens, sont des créations de l'armée d'occupation américaine et n'ont rien à lui refuser. Or les dirigeants des États-Unis, comme ceux des autres puissances impérialistes, ne tiennent pas à rappeler le passé.

Car non seulement les pays impérialistes n'ont rien fait pour empêcher Saddam Hussein d'établir sa dictature, mais ils lui ont vendu des armes, ils ont acheté le pétrole irakien, établi des liens commerciaux fructueux et des échanges diplomatiques amicaux. Le tandem Giscard-Chirac a même vendu dans ces années-là une centrale nucléaire à l'Irak.

À partir de 1980, Américains, Français et Anglais ont soutenu l'Irak dans sa guerre contre l'Iran, et 750 sociétés américaines furent autorisées par leur gouvernement à lui vendre des armes. Les mêmes ont encore gagné des fortunes en équipant l'armée américaine dans les guerres contre le même Irak et lui fournissent aujourd'hui services et matériels pour l'occupation du pays.

Les hélicoptères qui, en 1982, ont débarqué les tueurs de Saddam dans le village de Doujaïl étaient peut-être quelques-uns des 121 engins vendus par l'Aérospatiale à l'armée irakienne. De même que les avions qui ont tiré des munitions à gaz (fabriquées dans l'usine vendue clés en main par le trust américain Bechtel) sur des villages rebelles étaient peut-être quelques-uns des Mirage fournis par Dassault. Les balles qui ont tué les malheureux villageois étaient-elles de fabrication américaine? Le jugement ne le dit pas, mais ce n'est pas impossible.

Le dictateur condamné aujourd'hui servait alors les intérêts impérialistes. Il avait donc les mains libres pour régner sur son propre peuple, quitte à ce qu'elles soient rouges de sang.

Ce n'est que plus tard, avec l'invasion du Koweït en 1990, que Saddam Hussein fut déclaré ennemi public par la coalition rangée derrière les USA. Et encore l'armée américaine le laissa-t-elle en place à la fin de cette guerre, pour qu'il fasse régner l'ordre en Irak, par de nouveaux massacres.

Le président américain Bush a déclaré que la condamnation de Saddam Hussein faisait passer l'Irak «du règne d'un tyran au règne du droit». Mais l'Irak n'a jamais connu d'autre «règne du droit» que la loi du plus fort. Et le plus fort, jusqu'à aujourd'hui, cela a toujours été l'impérialisme, particulièrement les sociétés pétrolières et les marchands de canons, par l'intermédiaire de Saddam quand il était au pouvoir, ou sous la surveillance directe de l'armée américaine maintenant qu'il est en prison.

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