On travaille moins en France? C'est faux!25/10/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/10/une1995.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

On travaille moins en France? C'est faux!

Le patronat et la droite rivalisent d'attaques sur les 35 heures, coupables à leurs yeux de ruiner le pays et les entreprises. Laurence Parisot, la dirigeante du Medef, a réclamé leur abrogation et tancé le gouvernement de ne l'avoir pas encore fait.

De Le Pen à Bayrou, en passant par Fillon et Sarkozy, tous se sont précipités pour dénoncer "le carcan" des 35 heures, la "dévalorisation du travail". Ainsi Fillon a déclaré que "la France était pieds et poings liés par les 35 heures", en citant des comparaisons totalement fantaisistes avec le reste de l'Europe.

Or, malgré les 35 heures, le temps de travail réel est, en moyenne, aussi long qu'il y a quinzeans. Actuellement, d'après Eurostat, institut de statistiques dépendant de la Commission européenne, le temps de travail moyen d'un salarié à temps complet en France est de 41 heures, heures supplémentaires incluses. Il était de 41,2 heures en 1990 et déjà de 41 heures en 1998, c'est-à-dire avant l'application des 35 heures. Il avait légèrement baissé à 38,9 heures en 2002, pour remonter à 41 heures en 2006. Dans l'Union européenne, cette durée moyenne est de 42 heures.

Comment expliquer qu'on travaille six heures de plus que la durée légale?

Tout d'abord, toutes les entreprises, loin de là, ne sont pas passées aux 35 heures. Dans les entreprises privées, la dernière étude du ministère du Travail à ce propos en recensait environ 329000 passées à 35 heures et employant 9,9 millions de salariés, soit 20,5 % des entreprises et 58,4 % des salariés du privé. Non seulement des petites entreprises n'ont pas adopté d'accord (la loi Aubry ne les y obligeait pas) mais c'est aussi le cas de grandes, voire de très grandes entreprises.

Mais, surtout, cette durée légale annuelle de 35 heures ne correspond pas à une durée effective. Elle ne représente que le seuil de déclenchement des heures supplémentaires.

Ainsi, dans bon nombre d'entreprises, les salariés ont travaillé comme auparavant, mais les heures comprises entre la 36e et la 39e ont simplement été majorées de 10 % ou de 25 %, dans le meilleur des cas!

La faiblesse des salaires et les pressions patronales obligent de nombreux salariés à effectuer des heures supplémentaires. Et encore, les statistiques ignorent totalement les millions d'heures supplémentaires non déclarées et non payées, par crainte de représailles.

Sarkozy prétend démagogiquement qu'il faut supprimer les 35 heures pour permettre à chacun "de travailler plus et de gagner plus."

Pour nombre de travailleurs, le problème n'est pas de travailler plus, mais de travailler, tout simplement: il y a au moins cinq millions de personnes au chômage ou à temps partiel imposé.

Mais tous ceux-là, la droite et le patronat n'en ont cure.

Partager