24 ans de prison pour un ex-PDG d'Enron : Quand les patrons jouent à la roulette le sort de leurs employés!25/10/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/10/une1995.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

24 ans de prison pour un ex-PDG d'Enron : Quand les patrons jouent à la roulette le sort de leurs employés!

La justice américaine a rendu son verdict dans l'affaire Enron, l'une des faillites les plus retentissantes du capitalisme américain. Son fondateur, Kenneth Lay, condamné en mai, est mort d'une crise cardiaque en juillet dernier. Celui qui lui succéda un temps au poste de PDG, Jeffrey Skilling, vient d'être condamné à 24 ans et 4 mois de prison. En outre, il doit verser 45 millions de dollars de dommages et intérêts aux actionnaires, une somme assez éloignée des 183 millions qu'il a empochés pendant ses six mois au poste de PDG. L'ex-directeur financier n'avait écopé que de six ans.

En 2001, les dirigeants de la compagnie d'électricité Enron, une nébuleuse de quelque 4000 entreprises, avaient dissimulé sa situation financière réelle. Dirigeants et actionnaires s'étaient enrichis dans le négoce de l'électricité, grâce notamment à la déréglementation des tarifs de celle-ci en Californie. Puis leurs activités s'étaient étendues au bois, au papier, à l'eau, etc. Enron alimentait des usines, des centres commerciaux, des collectivités locales ou des journaux, dont le New York Times.

Pour faire avancer ses affaires, Enron arrosait la majorité des politiciens des commissions du Congrès. Ses dirigeants furent parmi les généreux donateurs de la première campagne présidentielle de Bush. Ils s'étaient aussi lancés dans des spéculations boursières hasardeuses. Le cabinet d'audit Arthur Andersen, qui les avait aidés à masquer la réalité des comptes de la firme, fut emporté avec eux.

Les principaux dirigeants de l'entreprise, et certains de leurs proches comme le vice-président Dick Cheney, s'étaient empressés de vendre leurs actions avant que le cours de l'action ne s'effondre. Lorsqu'il ne fut plus possible de dissimuler l'ampleur de la dette, 40 milliards de dollars, l'entreprise fit faillite. Ses quelque 21000 salariés perdirent leur emploi, mais aussi leurs retraites par capitalisation, puisque les dirigeants d'Enron avaient appuyé leur fonds de pension sur la seule valeur de l'action de l'entreprise!

Lors de l'audience finale, l'ex-PDG a dû entendre le témoignage d'anciens salariés dont la vie a été ainsi détruite. Si des audiences antérieures avaient signalé que le mensonge et la dissimulation faisaient partie de l'art de gouverner les grandes entreprises, la faillite retentissante d'Enron a surtout montré le cynisme des dirigeants des grandes entreprises envers leurs salariés et leurs retraités, victimes de la spéculation financière des patrons.

La peine de Skilling se veut exemplaire, mais elle ne restituera pas aux salariés et aux retraités les emplois et les pensions anéantis. Et elle ne mettra pas fin non plus au système qui permet aux dirigeants d'une entreprise capitaliste de jouer comme au casino avec les revenus futurs de leurs employés.

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