Sarkozy varie bien fol qui s’y fie18/10/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/10/une1994.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Sarkozy varie bien fol qui s’y fie

Jeudi 12 octobre à Périgueux, Sarkozy avait choisi de s'adresser à l'électorat populaire.

À son habitude, il a dénoncé l'égalitarisme, l'assistanat, la bureaucratisation de l'État. Dans la foulée, il s'est réclamé des deux mille ans de civilisation chrétienne de la France. Mais, chose relativement nouvelle dans sa bouche, il a poursuivi en rendant hommage aux juges, au secteur public et aux fonctionnaires, et a avancé une série de mesures en faveur des salariés et de la population modeste.

Se réclamant même du modèle social français, il affirme vouloir «donner plus à ceux qui ont moins». Il propose ainsi que les exonérations de charges des entreprises soient liées à la hausse des salaires; que l'État facilite, en les cautionnant lui-même, les emprunts faits par des personnes malades ou pauvres; que les années passées à éduquer ses enfants comptent pour la retraite; que les conseils d'administration des entreprises publiques comprennent autant de femmes que d'hommes; que le citoyen puisse exiger que les administrations satisfassent un certain nombre de droits comme le droit d'hébergement ou de logement, le droit de garde des enfants, le droit de prise en charge de la dépendance.

Selon Sarkozy, il ne s'agit pas de contraindre les municipalités, mais de les encourager à favoriser la construction de logements, de foyers d'hébergement, de crèches, de maisons de retraite, de façon à résorber les pénuries actuelles. Mais le ministre se donne un délai de cinq ans -la durée de son mandat présidentiel- pour que ces nouveaux droits entrent en vigueur.

Pour un politicien comme Sarkozy, une campagne électorale, ou préélectorale, consiste toujours à dire tout et son contraire, pour toucher le plus grand nombre possible d'électeurs. Et comme les salariés et les pauvres sont nombreux, il lui faut draguer de ce côté-là aussi.

Les promesses électorales n'engagent jamais que ceux qui y croient. La «fracture sociale» n'était en 1995 pour Chirac qu'un thème de campagne, pas un programme de gouvernement.

Sarkozy veut ratisser large, se donner un visage «social». Ce changement opportun de discours arrive au moment où on lui reproche, dans son propre camp, de risquer de perdre une partie de l'électorat de droite, choqué par ses outrances. Mais ces outrances ne sont que des mots, elles se traduisent par des choix, ceux que fait la droite aujourd'hui.

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