Loi réprimant la contestation du génocide arménien : Des moralisateurs aux mains sales18/10/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/10/une1994.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Loi réprimant la contestation du génocide arménien : Des moralisateurs aux mains sales

Le 12 octobre l'Assemblée nationale a voté la proposition de loi présentée par le Parti Socialiste qui instaure des poursuites pénales contre ceux qui contesteraient la réalité du génocide arménien de 1915-1917. Mais ce ne sont certainement pas les droits des peuples qui sortent renforcés par ce vote. Car c'est bien d'abord et avant tout l'hypocrisie et la mauvaise foi qui ont été au centre du débat.

En 2001 déjà le PS avait été à l'initiative de la loi par laquelle l'Assemblée unanime reconnaissait la réalité du génocide arménien. Ayant trouvé le sujet porteur électoralement, il a remis ça. Et la droite n'a pas voulu lui laisser le bénéfice de l'opération.

Mais choisir comme drapeau de «la défense des droits de l'homme et des peuples», le rappel des seuls massacres, certes bien réels, perpétrés par l'armée turque contre les Arméniens entre 1915 et 1917, relève d'une mémoire quelque peu sélective de l'histoire.

Pendant des dizaines d'années, l'armée et la police françaises, bien «républicaines», se sont livrées à nombre de massacres. Pour la seule guerre d'Algérie, le bilan atteint sans doute un million de morts, dont la part principale a été constituée par des hommes, des femmes et des enfants exterminés dans leur village.

Faut-il rappeler aussi le rôle de l'armée française qui a formé, armé, les milices Hutus du gouvernement rwandais des années 1990-1994, qui ont massacré des centaines de milliers de Tutsis (et aussi bon nombre de Hutus)? L'armée française, sous les ordres conjoints de Mitterrand et Balladur, a, une fois les massacres commencés, soutenu militairement les massacreurs, en leur livrant à l'occasion ceux qui réclamaient naïvement sa protection.

Védrine, dirigeant PS, ex-ministre des Affaires étrangères, a encore récemment justifié toute cette politique, sans aucun remord, au nom de la défense de la présence de «la France» face à son concurrent américain.

Sans contestation possible, l'armée turque a été responsable d'un gigantesque massacre. Mais ceux qui, en France, dirigeants politiques de gauche et de droite, sont solidaires des auteurs bien français de méfaits semblables, n'ont aucun droit à s'ériger en professeurs de morale.

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