L’insurrection de 1956 et ceux qui la commémorent18/10/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/10/une1994.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

L’insurrection de 1956 et ceux qui la commémorent

Il arrive à l'insurrection de 1956 en Hongrie ce qui est le sort de bien des révolutions: ceux qui la commémorent le plus bruyamment sont ceux qui devraient se taire.

Le Parti Socialiste, actuellement au pouvoir en Hongrie et pourtant héritier direct de l'ancien parti communiste qui était au pouvoir en 1956 au moment de l'insurrection, n'a aucune gêne à commémorer le 23 octobre 1956, date de son début. Ses dirigeants, qui étaient arrivés au pouvoir en écrasant la révolution, ou leurs héritiers politiques ont cependant changé de discours. Non seulement ils commémorent l'insurrection, qu'ils traitaient auparavant de contre-révolution, mais, après avoir justifié l'oppression au nom du communisme, ils justifient aujourd'hui l'exploitation au nom de l'économie de marché.

Ils méritent bien la sympathie et le soutien des dirigeants du monde impérialiste qui se bousculeront aux cérémonies: trois têtes couronnées, dix-huit chefs d'État et six chefs de gouvernement sont attendus. Bush et Blair seraient dans le lot.

Les adversaires les plus tapageurs de la commémoration gouvernementale viennent de la droite et de l'extrême droite, qui essayent de s'annexer l'insurrection de 1956 en la présentant comme une «révolte anticommuniste», en occultant son caractère essentiellement ouvrier et le fait que c'est du côté des idées communistes, socialistes, que le mouvement cherchait une issue politique contre la dictature stalinienne.

Et les uns comme les autres gardent le silence sur la puissante vague d'émergence de Conseils ouvriers élus dans les entreprises et sur leur rôle politique.

Déjà en 1956, l'insurrection fut noyée sous les mensonges, aussi bien de ses adversaires que de ses faux amis, et son caractère ouvrier dissimulé puis enseveli dans l'oubli. C'est que le régime contre lequel cette révolte avait explosé était une Démocratie populaire, un régime qui se prétendait communiste. Et les troupes d'occupation dont l'insurrection réclamait le retrait étaient celles de l'Union soviétique. On ne peut comprendre la réalité de l'insurrection de 1956 et le nuage de mensonges qui l'enveloppe depuis cinquante ans, si on ignore cette réalité ou, encore, celle d'un monde divisé en deux blocs, avec un puissant mouvement stalinien pour lequel, à l'époque, tout ce qui lésait les intérêts de la bureaucratie soviétique était contre-révolutionnaire.

Jusque-là, la bureaucratie de l'URSS n'avait fait que trahir des révolutions, en Espagne en particulier. Cette fois, c'est son armée qui écrasa une insurrection ouvrière. Rien ne peut mieux symboliser la désorientation politique qui en résulta pour le mouvement ouvrier que le fait que ce furent précisément les troupes de la bureaucratie issue de la seule révolution prolétarienne victorieuse, celle qui porta les Conseils ouvriers au pouvoir, qui écrasèrent la seule insurrection ouvrière de l'après-guerre qui s'était donné des Conseils ouvriers, la dernière en date aussi.

Partager