Le «coût de l’éducation» : Des mensonges pour justifier la baisse des moyens18/10/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/10/une1994.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le «coût de l’éducation» : Des mensonges pour justifier la baisse des moyens

Alors que mardi 17 octobre l'Assemblée nationale votait le projet de budget 2007, les médias, radios et journaux publiaient des chiffres, tirés d'audits commandés par le gouvernement, afin de dénoncer le prétendu gaspillage dans l'Éducation nationale.

Ainsi, d'après Le Figaro du 17 octobre, le coût moyen d'un collégien a augmenté de 33% en quinze ans, et celui d'un lycéen de 50%.

Or les «résultats ne sont même pas au rendez vous», prétend ce journal, «seul un quart des élèves atteint le niveau requis en fin de collège». L'éditorial du Figaro en conclut: «Comme dans beaucoup d'autres secteurs, il faut cesser de répéter que la question des moyens est centrale.» Selon lui, puisque de toute façon un élève sur six reste en grande difficulté, il ne servirait donc à rien de continuer à dépenser inutilement l'argent de l'État. Il faudrait réduire le nombre d'heures d'enseignement, qui serait trop important, comparé aux autres pays de l'OCDE. De même, il faudrait réduire le nombre de professeurs d'autant qu'il n'aurait pas diminué en proportion de la baisse des effectifs scolaires. «En toute logique dix mille postes auraient dû être supprimés entre 1995 et 2005 dans les collèges, au lieu de cela, plus de deux mille ont été créés», ose affirmer Le Figaro.

Voilà le raisonnement que nous tiennent des gens prompts à justifier toutes les restrictions aux dépens de la population! Les parents qui s'inquiètent des classes de collège surchargées dans lesquelles leur fils ou leur fille se sent noyé resteront certainement sceptiques et ils auront raison. En fait, en cinq ans, 25000 postes d'enseignants ont été supprimés, plus du double de ce qui correspond à la baisse du nombre d'élèves.

La dépense par collégien et lycéen serait excessive, nous dit le gouvernement. Mais si l'on cherche la part des dépenses faites pour l'éducation du primaire au secondaire dans le produit intérieur brut, c'est-à-dire par rapport à l'ensemble de la richesse produite, on constate une régression depuis plusieurs années (elle est passée de 6% du PIB en 1995 à 5,7% en 2001). Et l'investissement dans l'éducation est nettement inférieur à celui de pays comme le Danemark et la Suède (plus de 7% de son PIB).

En fait, il n'est pas difficile de comprendre que la série d'audits, dits de «modernisation de l'État», commandés par le gouvernement n'ont été faits que dans le but de justifier les suppressions de postes massives dans l'Éducation nationale. Pour ces ministres préoccupés de s'assurer les bonnes grâces des possédants, l'éducation des enfants des classes populaires sera de toute façon toujours trop coûteuse.

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