Irak : 655 000 morts en trois ans18/10/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/10/une1994.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Irak : 655 000 morts en trois ans

Le général Dannatt, chef de l'armée britannique, vient de prendre position dans les colonnes du journal Daily Mail pour que les troupes du Royaume-Uni présentes en Irak, quelque 7000 soldats basés pour la plupart dans le sud de l'Irak en région majoritairement chiite, «se retirent bientôt».

Selon Dannatt, les «difficultés que (le Royaume-Uni) rencontre dans le monde» sont exacerbées par la présence de ses troupes en Irak. Critiquant la stratégie du gouvernement Blair et la manière dont la guerre en Irak a été menée par les grandes puissances, il constate que les forces britanniques n'ont pas «été invitées en Irak» mais qu'elles ont «enfoncé la porte».

Si tout cela est une évidence, le fait que le chef de l'armée britannique lui-même le dise pose évidemment un problème au gouvernement Blair.

En effet, les cent cinquante mille militaires que les grandes puissances ont expédiés en Irak n'y sont pas les bienvenus, la guerre qu'elles ont commencée en mars 2003, sous prétexte de rechercher les armes de destruction massive qui n'ont jamais été aux mains du régime irakien, n'a fait que semer la souffrance et la mort. Les attaques et l'occupation qui a suivi ont contribué, ne serait-ce que par les destructions, à aggraver les conditions de vie de la population, dont la moitié seulement peut désormais accéder à l'eau potable. L'une des pires bombes que les grandes puissances ont allumées en Irak est la guerre civile qui s'y déroule désormais, conséquence directe de l'occupation. Dernièrement encore, en quatre jours, les attentats organisés par les groupes opposés sunnites et chiites ont fait plus de 90 morts.

On peut parler de destruction massive de l'Irak. En trois ans et demi de guerre, plus de 655000 Irakiens sont morts dans ce pays de moins de 27 millions d'habitants, ainsi que l'affirme la revue médicale britannique The Lancet qui publie une étude basée sur les travaux de chercheurs américains, réalisés en Irak. En trois ans et demi de guerre, 2,5% de la population irakienne aurait péri, dont 601000 personnes à la suite des bombardements, des tirs, des explosions. La différence réside, selon l'étude, dans l'augmentation de certaines maladies, cancers, maladies cardiaques et autres, augmentation liée elle aussi directement aux conséquences de la guerre et de l'occupation. Dans un tiers des décès, les armées des grandes puissances seraient même directement en cause.

Les auteurs de l'étude, constatant que le taux de la mortalité entre l'avant-guerre et «l'après» est passé de 5,5 à 13,3 pour mille habitants, parlent «d'urgence humanitaire». Imperturbable, George Bush a contesté les résultats de cette étude, il s'en tient pour sa part à un bilan de 30000 victimes, seulement, n'ose-t-il pas ajouter. Il ne cite pas non plus les soldats morts dans cette guerre interminable, plus de 2600, la plus grande partie Américains, ce qui fait dire à une majorité de la population américaine comme britannique qu'il faut cesser cette guerre, cette occupation sanglante qui pèse chaque jour davantage son poids de morts, de blessures, de peur et de souffrance.

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