Pays-Bas : L’incurie criminelle des autorités27/09/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/09/une1991.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Pays-Bas : L’incurie criminelle des autorités

Après avoir, pendant des semaines, contesté les conclusions provisoires d'un rapport qui les mettait en cause dans la mort de onze immigrants illégaux dans l'incendie d'un centre de rétention situé à Schipool-Est, les ministres néerlandais de la Justice et du Logement ont présenté leur démission le 21septembre. L'un d'eux a dû s'excuser lors d'une séance du Parlement retransmise à la télévision publique, en déclarant: «Aux yeux des victimes et de leurs proches, j'incarne les services auxquels ils imputent leurs souffrances.»

Dans la nuit du 27 octobre 2005, deux femmes et neuf hommes sont morts dans l'incendie d'une aile de ce centre construit en préfabriqué près de l'aéroport international d'Amsterdam. Là sont enfermés, dans l'attente de leur expulsion, des étrangers en situation irrégulière. Plus de 300personnes étaient retenues dans le centre lorsque le feu s'est déclaré. Ce n'était pas la première fois, mais la troisième. Et visiblement, toutes les recommandations émises précédemment par les services de la prévention incendie n'avaient pas été suivies.

Le rapport définitif présenté par la commission d'enquête pour la sécurité est accablant. Il estime notamment «qu'il y aurait eu moins de victimes, voire aucune, si la sécurité incendie avait retenu l'attention des autorités concernées». Et la commission conclut que le centre de rétention, géré par le ministère de la Justice et construit sous la responsabilité de celui du Logement, n'était pas conforme aux règles de sécurité incendie édictées par ce dernier ministère. La municipalité d'Haarlemmermeer, sur laquelle est situé l'aéroport, est également critiquée pour avoir accordé le permis de construire du centre sans avoir préalablement vérifié les conditions de sécurité.

Ce ne sont pas là les propos d'un contestataire... puisque ladite commission est présidée par le propre beau-frère de la reine Beatrix. Celui-ci a maintenu son rapport, en dépit des pressions exercées par le gouvernement pour qu'il adapte ses conclusions. Bien sûr, la démission des ministres est un geste largement symbolique. Mais on peut tout de même la rapprocher de situations comparables survenues en France (de l'affaire du sang contaminé aux incendies d'immeubles insalubres, etc.)... où les responsabilités des autorités ont été systématiquement écartées.

Les Pays-Bas sont un pays riche, où une attention est portée au cadre de vie et où la prévention des inondations est élevée au rang de cause nationale. Mais respecter les normes élémentaires de sécurité dans un bâtiment destiné à héberger des centaines de personnes sort visiblement de ce cadre. Des immigrés, qui avaient simplement la malchance de ne pas avoir de papiers en règle, l'ont payé d'une mort atroce.

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