Mise en concurrence de lycéens pour la rentrée : L'école de l'arbitraire14/09/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/09/une1989.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Mise en concurrence de lycéens pour la rentrée : L'école de l'arbitraire

Lors de cette rentrée scolaire, l'association "Réussir sa rentrée: SOS rentrée a recensé environ 400 lycéens sans affectation sur le seul département de la Seine-Saint-Denis, et ce chiffre ne tient compte que des élèves qui se sont mis en relation avec elle. En fait, on peut ainsi estimer à environ 1500 le nombre de lycéens de ce département qui n'ont à ce jour aucune affectation.

C'est particulièrement vrai pour les filières professionnelles, ce sont souvent des jeunes de 3e qui n'ont pas pu avoir de BEP, ou des jeunes ayant obtenu leur BEP qui ne trouvent pas de place dans la filière bac professionnel. Pour accueillir ces 1500 jeunes, il faudrait construire trois petits lycées. Depuis des années, il est patent que le nombre de lycées en région parisienne est insuffisant: certaines filières sont bondées et on oriente souvent les jeunes dans des classes qu'ils n'ont pas choisies. Mais le ministère de l'Education nationale, comme la région Île-de-France, ferment les yeux. Pour régler la question, le rectorat n'a pas trouvé mieux à faire que de mettre en concurrence les lycéens entre eux et de décréter que le plus méritant aurait une place.

Le rectorat a donc donné pour consigne aux chefs d'établissements de pointer les élèves absents le jour de la rentrée et... de les rayer des listes pour attribuer aux élèves sans lycée leur place le plus rapidement possible. Les jeunes qui n'avaient pas encore d'affectation devaient se présenter le jour de la rentrée dans leurs anciens établissements pour faire la preuve de leur bonne volonté. Ils se faisaient remettre alors un papier attestant leur présence et avaient après seulement le droit de se présenter à l'inspection académique, qui leur octroyait la possibilité de recommencer un second tour d'affectation et d'être cette fois prioritaires sur les absentéistes de la rentrée.

C'est donc à un véritable parcours du combattant que sont soumis ces jeunes devant le regard indigné des enseignants, qui ont l'impression d'assister à une véritable foire à l'embauche.

À terme, le rectorat compte sur le fait qu'ils finissent par se décourager! Cela rappelle étrangement les méthodes du gouvernement pour rayer les chômeurs, qui ne répondent pas à une convocation des listes de demandeurs d'emploi. Pour le rectorat en tout cas, l'école doit être aussi le lieu de l'apprentissage de l'arbitraire administratif et de l'injustice!

Partager