La gauche du "non" à Saint-Denis : À gauche du PS... ou à sa traîne?14/09/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/09/une1989.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

La gauche du "non" à Saint-Denis : À gauche du PS... ou à sa traîne?

La réunion des représentants des collectifs "Pour un rassemblement antilibéral de gauche et pour des candidatures communes", qui se tenait le 10 septembre à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), regroupait, aux dires de ses porte-parole, des représentants de 450 comités locaux. Cela est loin, semble-t-il, d'incarner une dynamique militante, encore moins une dynamique populaire, quoi qu'en disent ses initiateurs.

La réunion était marquée par la présence de José Bové, de Marie-George Buffet, postulants au rôle de représentant unitaire et forcément unique dans le cadre imposé de l'élection présidentielle, auxquels s'ajoutaient Clémentine Autain, conseillère municipale de Paris apparentée communiste, ainsi qu'Olivier Besancenot.

Il n'en est pas sorti -et on pouvait s'y attendre- le nom de ce candidat unitaire que les participants appellent de leurs voeux. Ce choix est de nouveau reporté à mi-novembre. En attendant, cette assemblée s'est dotée d'un "groupe provisoire de porte-parole" auquel ne participe pas la LCR, et d'un texte "approuvé", selon l'Humanité, "à la quasi-unanimité". Mais les représentants de la majorité de la LCR, qui participaient à cette réunion, ne l'ont pas approuvé.

Dans le texte en question, qui manifestement convient fort bien au PCF, on trouve des reproches qui se veulent forts à l'égard du Parti Socialiste. Il lui est reproché, par exemple, le fait que son programme pour la présidentielle "tourne le dos à une rupture franche avec le libéralisme". Il y est même dit qu'il ne serait pas question pour ses signataires d'accepter de conclure avec le PS "un contrat de gouvernement" (s'il était dominé par ce que les signataires appellent le social-libéralisme), gouvernement dont "l'action, décevant une nouvelle fois, déboucherait sur le retour d'une droite plus dure encore".

Cela semble radical, et cela l'est bien moins en fait. Car ceux qui ont approuvé ce texte ont choisi délibérément de ne pas pointer les véritables questions. Cette majorité dite de gauche peut-elle être autre chose que ce qu'ont été les précédentes, qui, ces vingt-cinq dernières années, ont trahi leurs engagements et du même coup les milieux populaires qui avaient mis en elles leurs espoirs de changement? C'est bien difficile d'y croire. Et puis, cette jonglerie verbale qui consiste à ne parler que du "libéralisme" et de "l'antilibéralisme", pour éviter de parler du capitalisme, du patronat, de ses méfaits et de l'exploitation, n'est-ce pas une façon de noyer le poisson? Et surtout d'accrocher son wagon, sans oser le dire ouvertement, à un éventuel gouvernement socialiste, qui pourrait être plus ou moins antilibéral en parole, mais certainement pas anticapitaliste?

La meilleure façon d'interpeller le PS, en fait la seule, et du même coup de préparer l'opinion populaire aux prochaines échéances électorales, serait de poser quelques questions simples, et pourtant de bon sens. S'engagerait-il, dans un premier temps, à abroger les mesures antiouvrières mises en place par le gouvernement Chirac-Villepin-Sarkozy? Envisagerait-il d'augmenter sans tarder l'ensemble des salaires, de façon substantielle, en prenant sur les profits fantastiques des entreprises? Se propose-t-il de tarir l'augmentation du chômage en interdisant les licenciements continuels dans des entreprises qui, toutes, font des profits? Se propose-t-il de mettre fin à la précarité qui se développe à grande vitesse?

Pas besoin d'être devin pour prévoir les réponses que les ténors du PS donneraient à ces questions, et à quelques autres. Les Ségolène Royal, Fabius, Strauss-Kahn refusent de s'engager sur des mesures prétendument antilibérales, ne serait-ce que verbalement.

Faute de mettre le doigt sur les vraies questions, les tenants d'une candidature unique au premier tour à gauche du PS en sont réduits à la recherche, ô combien laborieuse, d'un représentant ou d'une représentante unique. Mais la perspective annoncée à l'avance est que, si ce projet prenait corps, ce candidat ou cette candidate apporterait ses suffrages au second tour au candidat du PS, et cela que ce dernier déclare incarner une politique "social-libérale" ou pas...

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