AXA et les fabricants d'engins de mort14/09/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/09/une1989.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

AXA et les fabricants d'engins de mort

Dans une lettre ouverte adressée à l'assureur AXA, la section française d'Amnesty International a récemment mise en cause l'entreprise, lui demandant de cesser d'investir dans des entreprises productrices de mines anti-personnel ou de bombes à sous-munitions qui, dans les conflits, font beaucoup de victimes parmi les civils.

Que ceux qu'on appelle les investisseurs institutionnels (banques, assurances, etc.) soient prêts à placer leurs capitaux là où cela rapporte le plus, y compris dans le secteur de l'armement, ce n'est un secret pour personne. Le PDG d'AXA, Henri de Castries, explique même dans sa réponse à Amnesty que le secteur aéronautique-défense comprend "des entreprises particulièrement performantes", dont les activités "ouvrent parfois le chemin à des innovations utiles à l'humanité"!

Ce n'est évidemment pas le cas des mines anti-personnel, condamnées par la Convention d'Ottawa (signée par la France). Prudent, de Castries affirme qu'AXA n'investit plus "pour son propre compte" dans les entreprises qui en fabriquent. Mais c'est pour ajouter hypocritement qu'AXA continue et continuera de gérer les actions de ces entreprises que possèdent ses clients (et qui leur ont, par exemple, été vendues il y a quelques années par AXA dans un produit financier quelconque).

En ce qui concerne les bombes à sous-munitions, AXA utilise comme argument qu'elles ne sont pas formellement interdites par un traité. Ces bombes, dont l'armée d'Israël vient d'inonder le Sud-Liban, contiennent des "mini-bombes" dont 30 à 50% n'explosent pas à l'impact. Chacune devient alors une mine anti-personnel de fait: c'est le pied d'un réfugié qui rentre chez lui ou la main d'un enfant curieux qui la feront exploser. Eh bien, cela n'émeut en rien de Castries, qui dit ne pas avoir l'"expertise" pour prendre position sur ce sujet qu'il considère par ailleurs comme "politique". AXA a donc l'intention de continuer à investir dans ce secteur tant que ces bombes ne seront pas officiellement hors la loi. Quant à la campagne de cartes-pétitions organisée par Amnesty International, Handicap International et l'Observatoire des transferts d'armements, elle semble pour l'instant laisser la direction indifférente.

Mais cela ne l'empêche pas de prétendre que "les droits de l'homme sont au coeur de la culture AXA" voire d'approuver, comme elle l'a déjà fait, l'appel à participer à la "Pyramide des chaussures" -l'initiative de Handicap International en faveur des victimes des mines anti-personnel!

La direction d'AXA aime répéter que "la responsabilité d'une entreprise ne s'arrête pas à sa porte", mais elle montre surtout que, pour elle, la "responsabilité" qui prime c'est de faire les profits les plus juteux possibles. D'où qu'ils viennent.

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