Irak : L’administration américaine craint une guerre civile... qui existe déjà!06/09/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/09/une1988.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Irak : L’administration américaine craint une guerre civile... qui existe déjà!

Dans son dernier rapport trimestriel, le Pentagone, ministère américain de la Défense, reconnaît une dégradation de la situation en Irak. Il conclut même en craignant que «les conditions qui pourraient mener à une guerre civile» ne soient réunies, du fait des conflits opposant «extrémistes sunnites et chiites cherchant à prendre le contrôle de zones clés à Bagdad, à créer et à protéger des enclaves confessionnelles, à détourner des ressources économiques et à imposer leurs programmes politiques et religieux respectifs».

Certes, dans ce pays où se côtoient des populations ayant une origine ou une religion différentes, les dirigeants politiques utilisent depuis longtemps les tensions ethniques ou religieuses pour faire valoir leurs intérêts. Et, du temps de Saddam Hussein, la guerre civile était déjà une réalité, même si le régime dictatorial empêchait que les massacres et les assassinats perpétrés à grande échelle par l'armée contre les Kurdes ou les chiites soient rendus publics. C'est d'ailleurs au titre de sa responsabilité dans plusieurs de ces tueries que Saddam Hussein est aujourd'hui traîné devant des tribunaux.

Il n'empêche que l'administration Bush a toujours prétendu que son intervention militaire en Irak était justifiée par l'éviction de Saddam et le rétablissement de la paix civile. Trois ans après, on voit ce qu'il en est. Si Saddam a bien été chassé du pouvoir, l'apaisement des tensions entre les communautés est loin d'être une réalité. Bien au contraire, les attentats meurtriers se multiplient dans les grandes villes, ceux des uns servant de prétexte à ceux des autres. D'après le Pentagone, les trois derniers mois ont même été les plus meurtriers depuis le début de l'occupation militaire, le nombre de tués et de blessés étant en augmentation de 50% par rapport au trimestre précédent. De son côté, l'ONU estime que, depuis le début de l'intervention anglo-américaine, plus de 132000 personnes ont dû fuir leur région d'origine à la suite d'opérations qualifiées de «nettoyage ethnique».

Même si le Pentagone se garde bien de désigner des responsabilités, il est évident que l'intervention militaire en Irak n'a fait que précipiter le pays dans le chaos. Du coup, les dirigeants américains ont beau jeu maintenant de justifier la présence de 140000 soldats et d'expliquer que, s'ils retiraient ces forces armées, l'Irak serait plongé dans un bain de sang. Mais ce n'est certainement pas en continuant la politique qui a mené à ce chaos qu'on y mettra fin.

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