États-Unis, un an après Katrina : La Nouvelle-Orléans ne se reconstruit que pour les plus riches06/09/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/09/une1988.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis, un an après Katrina : La Nouvelle-Orléans ne se reconstruit que pour les plus riches

Il y a un an, le 29 août 2005, sous la pression du cyclone Katrina, les digues censées protéger la Nouvelle-Orléans cédaient, et des pans entiers de la ville étaient inondés. La partie la plus pauvre de la population, celle qui n'était pas partie avant le cyclone, était livrée à elle-même pendant plusieurs jours, dans des conditions terribles. Ailleurs en Lousiane, et dans le Mississipi, des dizaines de petites villes étaient également dévastées. Au total, 1800 personnes ont perdu la vie, et 800000 ont dû abandonner leur logement.

Un an après, le bilan de la reconstruction est sombre, en particulier pour les classes populaires. À la Nouvelle-Orléans, moins de la moitié des 485000 habitants ont regagné la ville. Mais si les quartiers d'affaires et de tourisme, comme le «French Quarter», ont repris leur aspect antérieur -c'étaient d'ailleurs des quartiers mieux protégés, et ils ont été relativement préservés- en revanche les quartiers populaires, notamment les quartiers noirs, comme le «Lower Ninth Ward», sont toujours sinistrés. L'électricité n'a toujours pas été réinstallée dans plus de 80% des bâtiments.

Ceux qui ont dû quitter la ville sont, dans bien des cas, sans travail, dans des camps de réfugiés, à plusieurs centaines de kilomètres -par exemple, à Houston (Texas), 59% des 110000 réfugiés sont sans emploi. S'ils ne retournent pas à la Nouvelle-Orléans, c'est que bien souvent cela leur est impossible. Leurs logements sont détruits ou pourrissent sur pied. Le nettoyage n'est pas terminé -de l'argent public y a pourtant bien été consacré, pour le plus grand profit d'entreprises de nettoyage qui ont surfacturé jusqu'à six fois le prix des travaux, mais les beaux quartiers ont eu la priorité.

En outre, les pouvoirs publics n'ont pas remis en marche les services essentiels. La majorité des transports publics ne fonctionnent pas -seulement 17% des bus roulent. Sur 128 écoles publiques avant le passage de Katrina, seules 50 ont rouvert; seules 23% des crèches sont ouvertes. Les hôpitaux publics, où les plus démunis pouvaient se rendre, ne fonctionnent plus. Quant aux digues, elles ont été reconstruites à l'identique, c'est-à-dire qu'elles sont sans doute incapables de protéger la ville des cyclones les plus violents comme Katrina.

Mais que les plus pauvres de cette ville -qui était une des plus pauvres des États-Unis- ne reviennent pas, cela fait l'affaire de bien des politiciens et des hommes d'affaires locaux. Ils ont trouvé avec Katrina l'occasion de chasser les plus démunis, en espérant faire de la Nouvelle-Orléans une ville chic et riche. Aujourd'hui, à l'instar de George Bush, du maire de la ville ou du gouverneur de la Louisiane, ils versent quelques larmes de crocodile sur leur sort. Mais en réalité, ils se frottent les mains du fait que des dizaines de milliers de personnes aient été chassées de la Nouvelle-Orléans sans guère d'espoir de retour.

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