Chômage : Les chiffres truqués06/09/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/09/une1988.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Chômage : Les chiffres truqués

Depuis plusieurs mois, Villepin et Borloo brandissent des statistiques du chômage qui prouveraient un recul sensible de ce fléau. Il serait passé en dessous de 9% de la population active. Une fois encore, avec les chiffres de juillet, les médias ont repris complaisamment ces affirmations. Mais cette fois, c'est le leader de la CFDT, François Chérèque, qui a dénoncé ces chiffres. Il est bien placé pour savoir ce qu'il en est puisqu'avec son organisation il partage la direction de l'Unedic. Chérèque a opposé aux chiffres optimistes du gouvernement ceux «de 3,5 à 4millions de chômeurs réels», si l'on tient compte des érémistes et des stagiaires.

En effet il y a un sacré fossé entre la réalité et les chiffres tronqués sur lesquels le gouvernement s'appuie pour faire croire à une embellie sur le front de l'emploi. Il y a d'abord tous ceux que les Assedic et l'ANPE dissuadent de s'inscrire, en multipliant les tracasseries administratives par exemple, ou que ces organismes radient pour une raison ou une autre.

Il faut également savoir que les chômeurs inscrits sont répartis en huit catégories. Or seule la première -regroupant «les personnes sans emploi, immédiatement disponibles, cherchant un CDI à plein temps»- est prise en compte pour le calcul des chiffres officiels du chômage. Des centaines de milliers de demandeurs d'emploi recherchant un CDI à temps partiel, les intérimaires, les titulaires d'un contrat aidé, les stagiaires et les personnes en formation sont ainsi volontairement non prises en compte. Et les pressions de la hiérarchie se multiplient sur les employés des Assedic et de l'ANPE pour qu'ils fassent passer de plus en plus de chômeurs de la première catégorie dans l'une des autres.

Sans parler des centaines de milliers de érémistes qui ne sont plus inscrits à l'ANPE, et d'un nombre au moins équivalent de chômeurs privés d'indemnisation et qui, découragés, ne voient plus l'intérêt de pointer tous les mois.

Dans un livre publié récemment, Chômage, des secrets bien gardés, Fabienne Brutus, conseillère à l'ANPE, calcule qu'en septembre 2005, alors que le gouvernement se vantait déjà d'avoir stabilisé ce phénomène autour de 10%, en additionnant toutes les personnes inscrites à l'ANPE, on arrivait à plus de 4millions de chômeurs, soit 15% de la population active, et à un total de 5millions, soit 19% de la population active, en prenant en compte tous les oubliés des statistiques et les chômeurs non inscrits.

Et comment pourrait-il en être autrement quand, d'un côté, il y a très peu d'emplois réellement créés et que, de l'autre, les entreprises ne cessent d'annoncer des licenciements et des fermetures d'usines et que l'État lui-même supprime des milliers de postes dans les services publics?

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