Stora-Enso - Corbehem (Pas-de-Calais) : Des profits... et des licenciements25/08/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/08/une1986.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Stora-Enso - Corbehem (Pas-de-Calais) : Des profits... et des licenciements

Fin octobre 2005, le groupe Stora-Enso -l'un des géants mondiaux de la production du papier- annonçait la fermeture de quatre lignes de production: une en Suède, une en Finlande et deux des trois lignes du site français de Corbehem (Pas-de-Calais). Le groupe disait vouloir améliorer ses résultats de 300millions d'euros par an. Les profits étaient pourtant déjà importants: Stora a versé à ses actionnaires 335millions d'euros en avril 2005, six mois avant d'annoncer les licenciements. Le groupe a réalisé un bénéfice net de 740millions d'euros en 2004. Et si les bénéfices de 2005 sont inférieurs, c'est uniquement parce qu'il a provisionné 300millions d'euros pour licencier!

Stora possède des usines et des exploitations forestières en Europe, en Asie, en Amérique, et en même temps qu'il annonçait les licenciements, il investissait 200millions de dollars dans de nouvelles usines en Chine et en Amérique latine. L'usine de Corbehem emploie 930personnes et sa production ne représente que 3% de la production totale du groupe. Autant dire que le sort des travailleurs de cette usine ne compte pas pour les actionnaires qui ont donc décidé d'arrêter les deux machines à papier, jugées trop vieilles, et de licencier les 600travailleurs qui les faisaient fonctionner.

Le plan dit «social» prévoyait, en plus des indemnités conventionnelles, une «indemnité complémentaire de licenciement» de 10000 à 15000 euros, suivant l'ancienneté des travailleurs concernés. C'est cela que la direction et tous les syndicats de l'usine ont proposé en commun au personnel. Pour les salariés, c'était insuffisant et la direction s'en tirait à trop bon compte. Dans l'usine, le mécontentement s'est exprimé sans qu'il y ait eu aucun appel syndical, puisque les syndicats estimaient être arrivés au bout des possibilités. 250travailleurs en colère ont envahi la salle des négociations après avoir rédigé ensemble un cahier de revendications. Ils réclamaient 50000 euros pour ce qu'ils appelaient «la prime à la valise».

Ils ont obtenu partiellement satisfaction: l'indemnité complémentaire est passée à 25000 euros en plus des indemnités conventionnelles. En plus, les travailleurs licenciés toucheront 1000euros par année d'ancienneté jusqu'à 10ans d'ancienneté et 1250euros par année supplémentaire au-delà de 10 ans. Cette indemnité complémentaire est plafonnée à 60000 euros. On ne sait jamais, les plus anciens auraient pu avoir droit à quelques milliers d'euros en plus!

C'est mieux évidemment, même si ce n'est encore pas cher payé pour mettre des travailleurs à la porte. Il reste qu'en se mettant en colère, les ouvriers de Corbehem ont tout de même réussi à faire payer les actionnaires un peu plus qu'ils ne le voulaient.

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