L'État israélien veut qu'on le craigne, il se fait surtout haïr25/08/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/08/une1986.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

L'État israélien veut qu'on le craigne, il se fait surtout haïr

Le bilan des destructions et des victimes est très lourd au Liban. L'armée israélienne a largué sur le pays une moyenne de trois mille bombes par jour, selon les chiffres de l'ONU. En un mois de conflit, 1200 personnes au moins, pour la plupart des civils, ont perdu la vie. Les autorités libanaises estiment à un tiers le nombre des enfants de moins de 12 ans parmi elles. On compte au moins 4000 blessés. Près d'un million de personnes, pratiquement un Libanais sur quatre, ont dû quitter leur logement, souvent leur ville ou leur village. Quand ils reviennent, ils trouvent leur maison dévastée, des décombres qui recouvrent encore des cadavres et des bombes qui n'ont pas explosé.

Les principales voies de communication ont été bombardées dans tout le pays, y compris au nord, coupant les relations entre les grandes villes du pays et la Syrie. Une centaine de routes et au moins 70 ponts ont été détruits. Les ports, même celui de Tripoli au nord, les aéroports ont été méthodiquement visés, sinon pour être détruits au moins pour être sérieusement endommagés. Les infrastructures téléphoniques et les usines d'électricité ont été durement frappées.

Dans bien des villes, parfois sous prétexte que ces institutions dépendraient du Hezbollah et lui serviraient de relais d'influence, l'aviation israélienne et parfois des commandos se sont attaqués à des cliniques, des hôpitaux, des centres sociaux.

L'agriculture elle-même -dont 60% sont concentrés au sud et dans la plaine de la Bekaa, à l'est du pays, deux régions particulièrement dévastées par les combats ou les bombardements -est particulièrement touchée, avec des récoltes pourrissant sur place et des cultures abandonnées.

Au total, on parle maintenant de destructions atteignant les 4 ou 5 milliards de dollars, dont la moitié pour les infrastructures.

Au-delà de l'État libanais, c'est la population libanaise elle-même que l'État israélien a voulu durement punir, comme en témoignent ces milliers d'habitations détruites, des villages entiers au Sud-Liban, des quartiers entiers de Beyrouth, souvent habités par des chiites, réputés favorables au Hezbollah, mais aussi par des chrétiens, car dans bien des endroits, et notamment au sud, les villages des uns et des autres sont très proches. Les réfugiés palestiniens ont eux aussi été visés, comme ceux du camp d'Aïn Héloué, près de Saïda, le plus grand du Liban avec ses 50000 habitants, qui a été frappé à plusieurs reprises et notamment la veille même de l'arrêt des combats.

En témoignent encore ces mitraillages systématiques des routes, ces bombardements de convois de ravitaillement en fuel, parfois de réfugiés, même quand ils avaient pris soin de demander l'autorisation à l'armée israélienne de prendre la route et qu'ils l'avaient reçue, ou ces mitraillages d'attroupements autour des dégâts d'un premier raid. À chaque fois, et jusqu'au dernier moment, des civils ont perdu la vie.

Cette attitude de l'État israélien, bien plus que la peur, suscite et accumule une haine qui rend toujours plus compliquée la recherche de relations pacifiées dans cette région du monde, et le peuple israélien, qu'il prétend pourtant défendre, en fera lui aussi les frais.

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