Assez de la matraque contre les plus pauvres!25/08/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/08/une1986.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Tribune de la minorité

Assez de la matraque contre les plus pauvres!

Jeudi dernier au matin, des centaines de CRS ont cerné le squat de l'ancienne cité universitaire de Cachan pour en expulser, logement par logement, les cinq cents personnes qui y vivaient depuis trois ans. Les expulsés, pour beaucoup sans papiers, se sont vus proposer quelques nuits de relogement. Mais ils savent bien que les hôtels loués par la préfecture ne sont que la dernière étape avant l'embarquement dans les charters qui les ramènent de force dans leur pays d'origine. Les familles ont donc préféré rester au pied de leur cité, dans la rue. Après une nuit sous la pluie la police est à nouveau intervenue, plus violemment encore. Des mères avec leurs enfants sur le dos ont été renversées. Une femme s'est fait casser le genou, un homme a eu les côtes brisées, un gamin la lèvre ouverte. Finalement, deux cents expulsés, dont soixante-dix enfants, ont pu trouver refuge dans un gymnase. Leur situation est toujours aussi précaire, mais ils ont réussi à rester ensemble, pour continuer à se battre ensemble.

Toute cette violence, bien mise en scène pour la télévision: c'est la rentrée politique de Sarkozy. Le ministre de l'Intérieur, de retour de la plage, a visiblement décidé que, pour redonner un coup de fouet à sa candidature présidentielle, il fallait faire plus spectaculaire que dédicacer son dernier bouquin. Lors de son émission télévisée du 15 août sur France 2, il avait déjà donné le ton. Revenant sur le problème des parents sans papiers d'enfants scolarisés en France, il avait parlé de satisfaire 6000 demandes de régularisation sur 30000. Une mince concession, mais sans doute déjà trop pour son image d'homme à poigne, à la recherche des voix des réactionnaires de tous poils. L'expulsion violente des sans-papiers de Cachan vise donc à montrer qu'il reprend la main.

À gauche, Ségolène Royal a un peu protesté contre son rival pour la présidentielle et son «évacuation tapageuse «. Il n'y a pas que Sarkozy qui soit en campagne! Mais Ségolène Royal s'est bien gardée de détailler ce qu'elle proposerait pour les sans-papiers si elle-même était élue. Il faut dire que la politique de la gauche au pouvoir a été, sur cette question comme sur les autres, tellement peu différente de celle de la droite, que Ségolène Royal ne se donne même plus la peine de faire croire que ça pourrait changer si elle arrivait aux affaires. Elle a donc préféré s'en tenir aux généralités, accusant la misère d'être «le premier facteur de déstabilisation dans le monde ». Et de retomber sur ses pieds en reprochant à la droite d'avoir fait reculer la France de quelques places dans le classement des pays en matière d'aide au développement.

Encore un beau morceau d'hypocrisie! Depuis le temps qu'elle existe, «l'aide au développement» a eu le temps de démontrer qu'elle était surtout une façon d'aider les affaires des trusts d'ici, en arrosant au passage les dictateurs qui garantissent leur business. Elle n'est qu'un de ces lubrifiants qui aident la machine capitaliste à tourner, pompant les richesses des pays pauvres au profit des bourgeoisies dominantes de la planète.

C'est bien pourtant la misère qui est la cause de toute cette violence. C'est l'espoir d'échapper à la misère qui fait risquer leur vie à ces Africains qu'on retrouve noyés par dizaines toutes les semaines au large des Canaries ou de la Sicile. C'est la misère qui fait affronter, à ceux qui réussissent à atteindre l'Europe, une vie traquée, entre l'exploitation et la crainte de la police. Et cette misère, elle est fabriquée par la bourgeoisie d'ici. La plupart des Africains expulsés du squat de Cachan venaient du Mali et de Côte-d'Ivoire: deux des pays pauvres du monde, dont l'un est en proie à la guerre civile. Et deux anciennes colonies françaises, où nos milliardaires bien français, les Bouygues ou Bolloré, font des profits colossaux. Laissant aux matraques de Sarkozy le soin de disperser les victimes de leur pillage, en bout de chaîne...

Il faut dénoncer cette logique, appuyer ceux qui, comme le Réseau Éducation Sans Frontière, ont déjà engagé la lutte, faire enfler la protestation contre l'ignoble politique de nos gouvernants afin d'exiger des papiers pour tous.

Éditorial des bulletins d'entreprises «l'Étincelle» publiés par la Fraction du 21 août 2006

Convergences Révolutionnaires n° 46 (juillet-août 2006)

Bimestriel publié par la Fraction

Dossier: Afghanistan, Irak, Iran, Somalie... l'islamisme face à l'impérialisme:Ennemis irréductibles ou futurs partenaires.

Articles: En marge du 48e congrès de la CGT: naissance d'une opposition? - La Poste: un syndicalisme bien tempéré - Les 35 heures renégociées à Disney: un vol de temps, de salaire et d'emplois - Belgique: l'extrême droite gonfle, la gauche se dégonfle -Brésil: le congrès de Conlutas - Bolivie: une tribune de la LOR-CI (FTQI).

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