Arcelor : L'art de masquer la réalité18/08/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/08/une1985.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Arcelor : L'art de masquer la réalité

Dans son rapport annuel 2005, la direction d'Arcelor indique un taux de fréquence des accidents de 2,4 (nombre d'accidents par million d'heures travaillées) pour les salariés directs, et de 5,9 pour les sous-traitants. Ces taux seraient en baisse de 35% par rapport à 2004 pour le premier et 21% pour le second.

De l'aveu même de la direction, il est donc près de 2,5 fois plus dangereux de travailler à Arcelor en tant que sous-traitant qu'en tant que salarié Arcelor. C'est vrai qu'il n'y a guère d'employés et encore moins de directeurs sous-traitants, professions moins exposées aux risques. Mais c'est surtout parce que les travaux les plus pénibles et les plus dangereux sont sous-traités, et souvent imposés par les sous-traitants à des intérimaires peu formés et peu informés des risques. Le cas du salarié de la Semib mort au travail en pleine canicule est là pour le rappeler.

Les accidents mortels qui ont frappé les salariés Arcelor pouvaient paraître en baisse: 11 en 2002, 5 en 2003, 5 en 2004. Mais pour les sous-traitants ce n'est pas vraiment le cas: 13 en 2002, 6 en 2003, 10 en 2004. Ce qui faisait un total de 24 en 2002, 11 en 2003 et 15 en 2004.

Dans son rapport pour 2005, la direction donne seulement «le nombre d'accidents mortels dus à nos risques spécifiques (employés et sous-traitants)»: ce nombre serait de 4 en 2002, 0 en 2003, 6 en 2004 et 0 en 2005. Ces «risques spécifiques» sont une astuce de la direction, qui exclut de la statistique un certain nombre d'accidents, dont sans doute les accidents de trajet, sans d'ailleurs que l'on connaisse le détail de cette sélection. Toujours est-il que cela permet de réduire fortement le nombre d'accidents mortels dans les statistiques et correspond sans doute à l'objectif «Atteinte du zéro accident à terme» défendu par la direction depuis des années. Mais dans les ateliers, cela ne fait pas revivre les morts non comptabilisés.

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